Election présidentielle : le programme fiscal de Nathalie Arthaud

La rédaction 19 Avril 2017 11:09

A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, BoursedesCrédits est allé à la rencontre des candidats. La question des impôts est au coeur des débats alors que les Français s'estiment trop taxés. Focus sur le programme de la candidate de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud.

Election présidentielle : le programme fiscal de Nathalie ArthaudNathalie Arthaud veut supprimer le prélèvement à la source.

BoursedesCrédits : Quelle est votre vision de la politique fiscale menée lors du quinquennat de François Hollande ?

Nathalie Arthaud : François Hollande avait promis une réforme fiscale importante : s'attaquer aux niches fiscales, un même barème pour les revenus du travail et du capital, fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG dont le taux n'est pas progressif. Son projet prévoyait l'annulation de 29 milliards d'euros de niches fiscales et la limitation à 10.000 € par an de l'avantage tiré des niches, ainsi que la création d'une tranche supplémentaire de 45 % pour les revenus supérieurs à 150.000 € par part, le relèvement des taux d'imposition de l'ISF et la suppression du bouclier fiscal. La seule chose qu'il a faite de tout cela est la suppression du bouclier fiscal mais assortie d'un plafonnement de l'ISF. Son quinquennat a été marqué par les nombreux cadeaux de l'État au patronat : CICE, pacte de compétitivité, pacte de responsabilité et de solidarité, pour un montant de l'ordre de 50 milliards d'euros par an. La pression fiscale a été transférée des entreprises vers les ménages et en particulier ceux des classes populaires.

Les Français s'estiment trop taxés. Que ferez-vous pour alléger les impôts des ménages français ?

N.A. : L'impôt de loin le plus important (50 % des recettes de l'État) et qui est payé au même taux que l'on soit riche ou pauvre (français ou non) est la TVA. Et ce taux n'a cessé d'augmenter. Ainsi ce sont les classes populaires qui payent l'essentiel des impôts y compris les "non-imposables". Plus on est pauvre, plus la part que l'on paye à l'État est importante.

Il faudrait supprimer la TVA et la plupart des impôts sur la consommation (TIPP), impôts profondément injustes, et faire reposer la fiscalité exclusivement sur la classe riche qui en a les moyens.

La CSG rapporte davantage à l'État que l'impôt sur le revenu officiel (le double). Mais c'est un impôt pour lequel les riches et les pauvres sont imposés au même taux. Je suis donc pour la suppression de la CSG et son remplacement par un impôt fortement progressif sur le capital et les très gros revenus sans exonération et sans niche fiscale pour les riches. Les travailleurs ont besoin d'un bouclier fiscal pas les riches.

Maintiendrez-vous le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu ?

N.A. : Non. Pourquoi faudrait-il que les patrons sachent tout de la situation personnelle de leurs salariés alors qu'eux ont mille moyens de cacher leurs revenus.

En réalité l'État cherche surtout à supprimer des postes d'agents des Finances Publiques car s'il voulait vraiment faire rentrer l'impôt plus systématiquement, il s'attaquerait sérieusement à la fraude fiscale pratiquée par les riches et pour cela il faudrait bien plus de contrôleurs fiscaux. Le syndicat Sud a révélé récemment que l'État envisage de supprimer encore 3173 agents cette année. Au total depuis 2002, ce sont 32 000 postes qui ont été supprimés à la DGFIP.

Par ailleurs quelle garantie a-t-on que tout l'argent prélevé à la source par les patrons soit reversé intégralement à l'État ? Il y a de nombreuses fraudes à la TVA, il y en aura de la même manière pour l'impôt. Sans parler des entreprises qui mettront la clé sous la porte en emportant en plus les impôts de leurs salariés.

Quelles mesures prendriez-vous quant à l'impôt sur l'épargne ?

N.A. : Il faut distinguer la petite épargne que peut faire un salarié ou un travailleur indépendant qui a économisé toute sa vie pour se prémunir des aléas de la vie et s'éviter une retraite de miséreux de l'épargne spéculative des grosses sociétés dites d'investissement, fonds de pension ou autres. L'épargne populaire doit être exonérée de tout impôt (comme c'est le cas pour les intérêts du livret A). Mais l'épargne fait partie du patrimoine et c'est un impôt sur les gros patrimoines qui est nécessaire, dont le rendement devrait être bien supérieur à celui de l'actuel ISF.

Que préconisez-vous dans le domaine de la fiscalité immobilière ?

N.A. : La taxe foncière et la taxe d'habitation ont des taux qui varient de manière très importante d'une commune à l'autre, jusqu'à près de 40 % pour Valenciennes ou Tourcoing mais seulement 4,5 % à Neuilly. Il faut au contraire une imposition du foncier unifiée sur le territoire, mais nettement différenciée selon le patrimoine. L'essentiel de l'impôt foncier doit reposer sur les grandes et surtout les très grandes propriétés sans possibilité d'utiliser des prête-noms, ou des sociétés écrans, domiciliées par exemple dans des paradis fiscaux. Quant à la taxe d'habitation elle doit être purement et simplement supprimée. C'est à l'État de compenser les inégalités territoriales par une politique volontariste de dotation aux communes qui en ont le plus besoin.

Si vous êtes élu, quelles seront vos premières mesures fiscales ?

N.A. : Il est particulièrement choquant que les travailleurs aient à payer des taxes et des impôts dont l'État et les collectivités se servent pour arroser le patronat sous forme de multiples aides aux banques et aux industriels. Il faut une fiscalité qui pèse principalement sur le capital et sur les très riches. Il sera nécessaire que les associations de travailleurs et de consommateurs s'en mêlent afin d'établir le contrôle le plus efficace sur les riches, de combattre la dissimulation des revenus, pour mettre en oeuvre les mesures suivantes :

  • Suppression de la TVA et de la plupart des impôts sur la consommation (TIPP).
  • Impôt fortement progressif sur le revenu, comportant des taxes très élevées sur les gros et très gros revenus.
  • Impôt sur le capital et les gros patrimoines, également progressifs ; il n'est pas acceptable que les très grandes fortunes comme Liliane Bettencourt ou Bernard Arnaud échappent complètement à cet impôt déjà bien maigre qu'est l'ISF à cause du plafonnement des impôts.
  • Simplification du système fiscal et transparence, suppression des niches fiscales.

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