Baisse des APL : florilège des réactions sur la nouvelle mesure d'Emmanuel Macron

Julien Gal 24 Juillet 2017 15:08

Le président de la République a annoncé une baisse des allocations pour le logement (APL) de 5 euros, dont l'application est prévue pour le premier octobre prochain. Dès l'instant de cette annonce, les réactions politiques, étudiantes ou associatives ne se sont pas faites attendre, le tout sur fond de polémiques.

Baisse des APL : florilège des réactions sur la nouvelle mesure d'Emmanuel MacronLes réactions contre la baisse des APL ont été nombreuses (De gauche à droite En haut : Emmanuel Macron , Emmanuelle Cosse. En bas : Philippe Martinez, Benoit Hamont, Christian Eckert)

Après l'annonce faite par Emmanuel Macron de la baisse des APL (Aide Personnalisée au Logement) de 5 euros d'ici le premier octobre 2017, les réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux se sont multipliées. Etudiants, syndicats, associations, opposants politiques, tous ont réagi à la future mesure du gouvernement Philippe, qui fait d'ores et déjà polémique.

Renvoi d'ascenseur entre l'ancien et le nouveau pouvoir

La polémique a démarré du fait d'une déclaration d'une responsable du ministère de la cohésion des territoires. Celle-ci a déclaré samedi à l'AFP que la décision de la baisse des APL ne constituait en réalité que "l'application d'une réforme d'économie budgétaire décidée sous le quinquennat précédent".

Le ministre de l'action et des comptes publics, Gérald Darmanin, avait alors surenchérit en affirmant : "La baisse des APL a été votée par la précédente majorité mais n'a jamais été mise en place. Nous prendrons les mesures votées par le Parlement"

Ces déclarations ont fait bondir l'ancienne ministre du logement Emmanuelle Cosse, qui s'est empressée d'effectuer quelques rectifications. Contactée par France Info, Emmanuelle Cosse s'est dite "absolument concernée" par cette mesure du fait que l'APL "concerne des personnes qui sont à moins de 1.000 euros par mois et qu'il y a six millions de personnes aujourd'hui qui ont besoin de l'APL pour payer leur loyer".

Pour elle, Bercy n'assume pas sa mesure et rejette la faute sur le cabinet de François Hollande : "Il faut arrêter de dire n'importe quoi. Monsieur Darmanin, n'assumant pas cette mesure de rigueur très dure et qui va faire très mal dans les publics défavorisés, explique que c'est l'application d'une réforme que nous aurions mis en place, ce qui est faux", s'est exclamée l'ex-ministre.

L'année n'est pas terminée. Comment peuvent-ils savoir en juin qu'il va manquer 140 millions ?

Christian Eckert, ancien ministre du Budget 

Jacques Mézard a quant à lui défendu son collègue Gérald Darmanin. L'actuel ministre de la cohésion des territoires affirme que la mesure "découle du fait que le projet de loi de finances 2017 avait été sous-doté car le précédent gouvernement avait prévu, sans l'annoncer, une baisse du montant de ces aides de 140 millions d'euros dans le budget".

Riposte immédiate dans Le Parisien de l'ancien ministre chargé du Budget Christian Eckert, qui estime qu'il est bien trop tôt pour parler de trou budgétaire. "L'année n'est pas terminée. Comment peuvent-ils savoir en juin qu'il va manquer 140 millions à la fin de l'année sur un budget de 18 milliards d'euros", s'est interrogé Monsieur Eckert.

Alors, qui a raison ? Qui a tort ? Selon une enquête du journal Marianne, le gouvernement de Manuel Valls avait pris un décret dans le but de raboter les APL pour les ménages ayant un patrimoine de plus de 30.000 euros et de rappeler que les enfants dont les parents payaient l'ISF n'avaient pas le droit à l'APL. Rien à voir, donc, avec la mesure annoncée par Emmanuel Macron qui va concerner l'ensemble des bénéficiaires des APL, soit plus de six millions de personnes pour qui cette aide permet de payer leur loyer.

En revanche, François Hollande a tout de même eu une légère influence sur la réflexion du gouvernement actuel concernant les APL. Le cabinet de l'ancien chef de l'Etat avait décidé de baisser la dotation qu'il donnait au FNAL, le fond national d'aide au logement, qui n'est autre que le fond qui gère les APL. Mais là encore, le gouvernement Philippe n'était pas dans l'obligation d'aller aussi loin dans sa décision.

La grogne des étudiants et des syndicats

Dès l'annonce de la baisse des APL ce week-end, les syndicats étudiants et la CGT ont montré leur incompréhension face à la décision de l'Elysée. Pour eux, cette mesure est inégalitaire et ne peut pas rassurer les Français sur leurs situations financières actuelles.

Lilâ Le Bas, présidente de l'UNEF, n'hésite pas à dénoncer le fait qu'"encore une fois [le gouvernement] fait des économies sur le dos des étudiants" puisque "l' aide est vitale pour avoir un logement autonome, pour avoir simplement les moyens de poursuivre ses études car on le sait bien, la précarité est importante, les bourses insuffisantes", affirme la responsable étudiante.

Le syndicat étudiant PDE (Promotion et Défense des étudiants) exige quant à lui "le retrait d'une proposition dangereuse pour la jeunesse" et condamne le "double discours" du gouvernement qui a promis un gel des frais d'inscription universitaires tout en prenant des mesures d'économie "à contresens" en termes de logement.

Du côté de la CGT, son secrétaire général Philippe Martinez dénonce une économie "sur le dos des plus démunis" et la CFDT juge pour sa part que le gouvernement en place "donne un très mauvais signal aux familles" en sachant que "la baisse de 5 euros n'est pas anecdotique pour ceux qui ont déjà beaucoup de mal à boucler les fins de mois".

Les associations sont scandalisées

Interrogé ce matin sur France Info, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert a demandé à être reçu par le gouvernement le plus rapidement possible. Pour lui, la baisse des APL est "pénalisante pour les plus pauvres », d'autant que les aides au logement « ont déjà fait l'objet de mesures d'économie depuis de nombreuses années" .

Monsieur Robert a rappelé que les APL sont à l'heure actuelle concentrées sur les plus fragiles (on ne peut plus les toucher dès lors qu'on touche un SMIC net) et que les loyers et les charges ont évolué plus rapidement ces dernières années que les aides au logement.

"Pour nous, c'est un très mauvais signe fait par des technocrates qui ne mesurent pas ce que c'est que de vivre avec de petites ressources, à quel point cela a de l'impact sur les dépenses de santé ou d'alimentation", a-t-il conclu.

Le directeur de la FNARS (la Fédération des acteurs de la solidarité), a pour sa part préféré prendre un exemple davantage pratique : "5 euros pour quelqu'un au RSA, c'est peut-être un ou deux repas à la cantine", a affirmé Florent Gueguen sur RMC.   

Les personnalités politiques ne se sont pas faites attendre

Les camps politiques d'opposition ont fait entendre leurs voix en réaction à cette baisse prochaine des APL. A droite, le président du groupe Les Constructifs à l'Assemblée Nationale Thierry Solère ne s'est pas opposé à cette mesure, estimant que "les aides au logement coûtent 3 fois le budget du ministère de la Justice".

Pour Benoit Hamon, l'ancien candidat socialiste à la présidentielle, cette mesure ne passe pas. "Baisse des APL perçues par les plus modestes et réduction de l'ISF payé par les plus riches. C'est révoltant.", a-t-il tweeté.

Même humeur du côté de la France Insoumise. Manuel Bompart, ex-directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, s'est également exprimé sur Twitter : "Merci aux étudiants qui donneront l'année prochaine un peu de leurs APL pour financer la baisse de l'impôt sur la fortune. Belle solidarité.", a-t-il écrit.       

>> A lire également : APL : la CSF s'indigne de voir 650.000 familles populaires évincées

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