Défiance croissante des Français face à l'investissement locatif
Le marché de l'investissement locatif des particuliers en France traverse une période de crise prolongée. Malgré l'adoption récente du « statut du bailleur privé » par le Parlement, l'attrait pour la location immobilière se réduit chaque mois, et les obstacles financiers et réglementaires renforcent le désintérêt des particuliers pour ce secteur.

Des conditions économiques et fiscales de plus en plus contraignantes
Les particuliers qui envisagent de devenir bailleurs sont confrontés à un environnement complexe et coûteux. Le coût du crédit immobilier a augmenté, tout comme la fiscalité liée aux revenus fonciers et aux BIC. À cela s'ajoutent les contraintes liées aux diagnostics de performance énergétique (DPE) qui imposent souvent des travaux coûteux. Du côté des revenus, les loyers encadrés, les obligations administratives et les normes toujours plus strictes réduisent la rentabilité attendue. Résultat : de nombreux Français se détournent de l'investissement locatif, aggravant la rareté de l'offre sur le marché et maintenant la pression sur les loyers.
Une désaffection notable chez les bailleurs âgés
Selon l'Observatoire BPCE, le pourcentage de propriétaires bailleurs est passé de 13% en juin 2022 à 11% en 2024. Sur la période, les intentions d'investissement à cinq ans ont évolué : seulement 23% des bailleurs souhaitent continuer à investir, tandis que 25% envisagent de se désengager. Les plus de 75 ans sont les plus enclins à se retirer (36%), et parmi ceux qui restent actifs, 33% le font uniquement en raison de crédits en cours.
| Tranche d'âge | Souhait de continuer à investir | Envisage de se désengager |
|---|---|---|
| Tous âges | 23% | 25% |
| 75 ans et plus | 18% | 36% |
| 35-49 ans | 22% | 28% |
Les raisons principales de ce désengagement sont la fiscalité sur les loyers (32% des sondés, et 45% chez les 35-49 ans), la gestion complexe des biens (25%) et la nécessité de réaliser des travaux liés au DPE (20%). La rentabilité demeure le critère décisif pour 45% des bailleurs, devant l'état général du logement (29%). Les difficultés avec les locataires préoccupent 52% des sondés, tandis que la fiscalité inquiète 41%.
Un secteur en souffrance malgré les mesures incitatives
Les spécialistes de l'immobilier dénoncent l'asphyxie du marché locatif. Denis Lapôtre, président de la Fédération de défense des propriétaires et copropriétaires immobiliers, souligne : « Dans un pays obsédé par la régulation, le logement ne se régule plus, il s'asphyxie. On voulait protéger les locataires, mais on a découragé les bailleurs. » Loïc Cantin, président de la FNAIM, rappelle que culpabiliser les propriétaires ne résout pas la pénurie de logements : « Il est urgent de relancer la construction et de restaurer l'attractivité du statut du bailleur. »
Un marché locatif fragilisé par la désaffection des bailleurs
Cette désaffection des bailleurs, amplifiée par la complexité fiscale et réglementaire, menace de réduire davantage l'offre locative et d'accentuer la tension sur le marché immobilier français. Les experts insistent sur la nécessité de restaurer l'attractivité du secteur pour éviter une contraction prolongée du parc locatif.