Retrait de Revolut du Pacifique : les dessous d'un blocage réglementaire majeur

Une onde de choc parcourt les réseaux sociaux du Pacifique après l'annonce brutale de la néobanque Revolut concernant la clôture des comptes de ses utilisateurs locaux. Environ 14 000 clients basés en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna sont contraints de vider leurs avoirs avant l'échéance imminente du 20 février 2026.
Les spécificités juridiques au coeur du départ de la néobanque
L'annonce a surpris de nombreux usagers qui profitaient des tarifs compétitifs de la licorne britannique. Pourtant, l'explication réside dans une subtilité du droit financier : bien que territoires français, la Nouvelle-Calédonie et les collectivités d'outre-mer du Pacifique ne sont pas intégrées à l'espace bancaire de l'Union européenne. L'Institut d'Émission d'Outre-Mer (IEOM) rappelle que l'agrément lituanien dont bénéficie Revolut lui permet d'exercer en France hexagonale, mais ne s'étend pas automatiquement à ces zones hors UE.
Dans le cadre de ses démarches pour obtenir une licence bancaire complète auprès de la Banque de France, Revolut doit se plier à des exigences de conformité extrêmement strictes. Pour garantir sa crédibilité face au régulateur national, l'entreprise a choisi de suspendre ses activités dans les zones géographiques considérées comme "grises" sur le plan réglementaire. Ce retrait stratégique vise à rassurer les autorités sur sa capacité à lutter contre le blanchiment d'argent et la cybercriminalité.
| Territoires concernés | Estimation du nombre de clients | Date limite de retrait des fonds |
|---|---|---|
| Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna | Environ 14 000 usagers | 20 février 2026 |
Une mobilisation politique pour le retour des services numériques modernes
Face à cette situation, le gouvernement calédonien n'est pas resté inactif. Christopher Gygès, en charge de l'économie, a officiellement interpellé l'État français pour dénoncer une rupture d'égalité numérique entre les citoyens du Pacifique et ceux de l'Hexagone. Pour l'exécutif local, l'accès à des plateformes comme Revolut ou Stripe n'est pas un luxe, mais une nécessité absolue pour le développement de l'entrepreneuriat et de l'innovation technologique sur le territoire.
L'Autorité de la concurrence de la Nouvelle-Calédonie soutient cette démarche en préconisant une évolution législative nationale. L'objectif est de lever les verrous administratifs qui empêchent ces acteurs de la "Fintech" d'opérer durablement. Si le directeur de l'IEOM, Fabrice Dufresne, prévient que le processus d'agrément auprès de la Banque de France sera long, les autorités locales espèrent qu'un ajustement du droit permettra un retour effectif de ces solutions de paiement indispensables à l'économie moderne.
En attendant une éventuelle issue favorable, les 14 000 Calédoniens et Polynésiens impactés doivent réorienter leurs flux financiers vers les banques traditionnelles ou d'autres services numériques disposant déjà des autorisations locales nécessaires. Cette exclusion temporaire souligne le décalage persistant entre l'évolution rapide des usages bancaires numériques et la lenteur des adaptations juridiques spécifiques aux territoires d'Outre-mer.