Assurance emprunteur : " Face aux banques, l'atout prix et le conseil ne sont pas suffisants "

Hugo Abadie 06 Mars 2017 17:39

Avec l'évolution de la législation, le marché de l'assurance emprunteur s'ouvre en grand et permet aux clients de faire jouer la concurrence pour profiter d'un emprunt plus favorable.

Assurance emprunteur : " Face aux banques, l'atout prix et le conseil ne sont pas suffisants "Charlotte Bichet d'Halluin, Responsable Insights et Marché Particuliers chez Allianz France

Lors de l'achat d'un bien immobilier, un client se retrouve confronté au choix de son assurance emprunteur. Celle-ci permet de protéger l'assuré en cas d'invalidité, de décès ou d'incapacité de travail. Alors que les emprunteurs choisissent traditionnellement de souscrire leur assurance en même temps que leur offre de prêt, ils peuvent décider de faire jouer la concurrence entre les différents organismes prêteurs.

Grâce à la loi Lagarde, puis la loi Hamon, les assureurs peuvent désormais proposer des contrats en délégation à niveau de garanties équivalent. De plus, à partir du 1er janvier 2018, les assurés pourront renégocier ou résilier leur assurance emprunteur durant toute la durée d'un prêt immobilier. Charlotte Bichet d'Halluin, Responsable Insights et Marché Particuliers chez Allianz France, détaille l'évolution du marché de l'assurance emprunteur.

Quelles ont été les conséquences de l'application de la loi Hamon ?

La loi Hamon n'a pas remis en cause le modèle économique des assureurs car les marchés de l'Assurance Auto et de la Multirisque Habitation étaient déjà très concurrentiels.

Nous constatons toutefois un premier effet de volatilité accrue des clients avec une rotation plus élevée des contrats et un deuxième effet de modération sur les prix. Les assureurs qui ont su placer le conseil et le service client au centre de leur stratégie en sortent renforcés.

En revanche, la situation est différente pour l'assurance emprunteur dans la mesure où le marché est aujourd'hui très concentré chez les bancassureurs : seulement 15% des contrats y sont délégués. Sur les 29 milliards d'euros de cotisations encaissées en 2015, les assureurs n'ont perçu que 12% du total.

Comment expliquer le faible recours aux contrats en délégation ?

À ce jour, le client ne peut changer d'assurance que la première année. Bénéficiant de la relation client et de la connaissance de l'emprunt, le banquier peut proposer une solution packagée. De plus, peu de clients savent qu'ils peuvent avoir recours à une assurance déléguée et même s'ils ont l'information, les banques ne facilitent pas l'équivalence des garanties.

Quelles économies peuvent espérer faire les assurés avec cette nouvelle législation ?

Lors de l'acquisition d'un bien immobilier, l'assurance emprunteur est souvent laissée de côté par le client qui est davantage focalisé sur le taux de son prêt, les frais de notaire ou encore le coût des travaux. Pourtant, l'assurance emprunteur représente entre 15% et 25% du montant total d'un crédit immobilier.

Les banques proposent généralement des contrats Groupe avec des tarifs uniques, mutualisés, identiques pour tous les profils, et donc chers, voire très chers pour des clients de moins de 50 ans. À l'inverse, les contrats proposés par les assureurs sont des assurances individuelles. Les garanties et le tarif sont ajustés à la situation du client.

En moyenne, les clients qui ont souscrit Allianz Assurance Emprunteur économisent 5.500 € par rapport au tarif de l'assurance proposé par leur banque, selon une étude GMV de 2016. En moyenne avec l'assurance Allianz Assurance, les assurés peuvent faire une économie de l'ordre de 500€ par an (étude GMV de 2016).

Quels sont les profils les plus bénéficiaires de la loi Hamon ?

Tous les profils peuvent en bénéficier. Certes, plus le contrat sera récent, plus l'intérêt de changer sera fort puisque les cotisations s'étaleront encore pour davantage d'années.

Ensuite, certains profils de client ont davantage intérêt à passer par une assurance individualisée chez un assureur (versus un contrat Groupe) car leur profil est moins risqué. C'est notamment le cas des jeunes.

En facilitant la résiliation, la loi Hamon va-t-elle améliorer ou tendre la relation entre l'assureur et l'assuré ?

La relation assuré - assureur devrait s'améliorer au fur et à mesure que le marché sera plus transparent. L'assureur est désormais en mesure de proposer un tarif très attractif et des garanties plus adaptées au cas de chaque client. Il peut donc conseiller le client de façon adéquate.

Mais face aux banques, l'atout prix et le conseil ne sont pas suffisants. L'expérience utilisateur et la réactivité sont primordiales lors d'un emprunt immobilier. Les banques jouent sur la simplicité de souscrire simultanément l'offre de prêt et l'assurance. Allianz a donc revu complètement le processus de souscription de l'Assurance Emprunteur en s'appuyant sur les outils digitaux pour le rendre le plus rapide et le plus fluide possible pour le client.

La loi Hamon va-t-elle creuser un fossé entre les assurés qui bénéficient des produits les plus avantageux et les assurés à risque qui ne feront pas jouer la concurrence ?

Les bons assurés ont toujours plus intérêt à faire jouer la concurrence, quel que soit le domaine d'assurance. Ce qui est valable sur un marché d'assurance classique le sera demain pour l'emprunteur. Mais la mutualisation restera présente.

La nouvelle réforme permettant de renégocier son assurance emprunteur pendant toute la durée d'un prêt va engendrer de la mobilité, à quelle dose ?

Le marché devrait être plus fluide. Le volume de mobilités dépendra de l'information client et de l'offensive des assureurs. La nouvelle réforme votée pourrait permettre à la libre concurrence de jouer pleinement, et donc d'entraîner une baisse des tarifs.

La résiliation à échéance devrait limiter les contestations des banques concernant l'équivalence de garanties, néfastes au bon exercice de la concurrence et donc engendrer un bénéfice client significatif pour les compagnies d'assurances.

 >> A lire aussi : Assurance emprunteur : près d'un milliard et demi d'euros de primes pourrait changer de mains

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