Édouard Philippe prend ses distances avec la fiscalité immobilière
En déplacement au Congrès de la Fnaim à Paris, Édouard Philippe a surpris en revenant sur plusieurs mesures emblématiques liées à la fiscalité de la pierre. À moins de deux ans de l'élection présidentielle de 2027, le maire du Havre nuance désormais certaines décisions prises lorsqu'il était à Matignon.

Un regard plus critique sur la création de l'IFI
Lors de son intervention devant les professionnels de l'immobilier, l'ancien premier ministre a admis que la taxation spécifique de la pierre n'avait rien d'incitatif. Il a notamment reconnu que la transformation de l'impôt sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière en 2017, mesure qu'il avait portée, pouvait limiter les choix d'épargne des ménages. L'IFI reste aujourd'hui dû dès que le patrimoine immobilier net dépasse 1,3 million d'euros, tandis que les actifs financiers en sont exclus.
Un système jugé trop pénalisant pour l'investissement
Le candidat Horizons à la présidentielle de 2027 a estimé que la France taxait excessivement la détention, l'achat et la transmission de biens immobiliers. Selon lui, cette accumulation de prélèvements « décourage » l'investissement dans la pierre, sans toutefois préciser quelles orientations fiscales il envisagerait s'il arrivait au pouvoir. Une prudence relevée par le quotidien Les Échos.
Une position qui tranche avec ses déclarations de 2019, où il défendait encore vigoureusement l'IFI en expliquant avoir voulu éviter les départs de contribuables fortunés. En 2025, il admet désormais un changement d'approche, jugeant nécessaire de créer un environnement fiscal davantage propice au maintien des capitaux en France.
Un nouvel impôt sur la fortune improductive élargit l'assiette
La fiscalité patrimoniale connaît par ailleurs une évolution majeure. L'Assemblée nationale a validé le 31 octobre un dispositif remplaçant l'IFI par un impôt sur la fortune improductive. Celui-ci intègre un périmètre beaucoup plus large : objets de valeur, yachts, oeuvres d'art ou encore cryptomonnaies sont désormais concernés par l'assiette taxable, et pas seulement l'immobilier. Une transformation qui pourrait modifier sensiblement le comportement des détenteurs de patrimoine diversifié.
Encadrement des loyers : un refus assumé de le pérenniser
Autre sujet abordé par Édouard Philippe : l'encadrement des loyers. Alors que l'expérimentation doit se terminer en novembre 2026, le maire du Havre a affirmé ne pas souhaiter sa généralisation. Il dit comprendre la logique des territoires en forte tension, mais affirme avoir volontairement choisi de ne pas appliquer cette mesure dans sa propre ville.
Il plaide également pour un « renforcement des droits des propriétaires » afin de fluidifier le marché locatif. Toutefois, il n'a pas détaillé les mécanismes qu'il aimerait voir évoluer, laissant plusieurs zones d'ombre sur les mesures concrètes qu'il pourrait défendre.
Une réaction ferme du ministre du Logement
Ces prises de position n'ont pas manqué de faire réagir. Présent lui aussi au Congrès de la Fnaim, le ministre du Logement Vincent Jeanbrun a lancé un tacle appuyé à l'ancien premier ministre, l'invitant à soutenir les mesures budgétaires censées renforcer le statut des bailleurs privés avant de proposer de nouveaux dispositifs. Un échange révélateur des tensions qui traversent actuellement le débat sur la politique du logement.