Livret A : perspectives de taux et position du gouvernement
Alors que le taux du Livret A a déjà reculé à 1,7% au 1er août 2025, une nouvelle baisse pourrait intervenir début 2026. Le gouvernement, toutefois, exclut toute modification des plafonds ou fiscalisation, malgré les propositions du Conseil des prélèvements obligatoires. Entre inflation en baisse et enjeux électoraux, les décisions restent scrutées par les épargnants.

Pourquoi le taux du Livret A pourrait encore diminuer
Le Livret A, comme les autres livrets réglementés, voit son taux révisé deux fois par an, mi-janvier et mi-juillet. Le calcul repose sur la variation de l'inflation sur six mois et le taux interbancaire, lui-même influencé par la politique monétaire européenne. Selon la formule légale et les prévisions actuelles d'inflation (0,9% sur un an en novembre selon l'Insee), le taux pourrait se situer entre 1,3% et 1,5% à compter du 1er février 2026.
Eric Dor, directeur des études économiques de l'IESEG School of Management, note que "la formule légale impliquerait un taux de 1,4% à partir de février". Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne, estime que "tout porte à une nouvelle baisse, même si elle sera impopulaire". Cependant, la proximité des élections municipales pourrait inciter le gouvernement à différer l'application.
Historique récent des taux et comportements des épargnants
Début 2025, le Livret A et le LDDS étaient rémunérés à 3%. Ils ont été abaissés à 2,4% au 1er février, puis à 1,7% au 1er août. Cette succession de baisses a entraîné une décollecte notable, avec des retraits excédant les dépôts, culminant à 3,81 milliards d'euros en octobre.
Malgré leur popularité, ces livrets voient donc leur encours diminuer lorsque les rendements ne couvrent plus l'inflation, ce qui reflète la sensibilité des ménages à la préservation du pouvoir d'achat.
Dérogations et précédents historiques
La formule de calcul n'est pas appliquée de manière rigide : des dérogations ont été fréquentes. Par exemple, le gel du taux à 3% pendant 18 mois, du 1er août 2023 au 31 janvier 2025, aurait dû laisser le Livret A au-dessus de 4% si la formule avait été respectée strictement. Ces ajustements permettent au gouvernement d'adapter le taux à ses objectifs économiques et politiques, notamment pour relancer la consommation.
Le gouvernement exclut toute modification des plafonds
Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) avait suggéré de réduire les plafonds des livrets réglementés et d'imposer l'excédent, afin d'inciter l'épargne à se tourner vers d'autres investissements. Cette proposition visait à réorienter l'épargne populaire vers des placements jugés plus productifs pour l'économie.
Le ministre de l'Économie et des Finances, Roland Lescure, a fermement rejeté cette idée : "Le gouvernement n'envisageait absolument pas de toucher au fonctionnement du Livret A : ni à travers une réduction de son plafond, ni par une fiscalisation, y compris partielle". Selon lui, le Livret A reste "un produit d'épargne populaire essentiel, qui joue un rôle déterminant dans le financement du logement social et du renouvellement urbain", et "constitue un outil central pour soutenir les ménages qui en ont le plus besoin".
Calendrier des prochaines décisions
Mi-janvier 2026, le gouverneur de la Banque de France proposera un nouveau taux au ministère de l'Économie, après la publication des chiffres définitifs de l'inflation de décembre. La décision finale du gouvernement sera appliquée au 1er février 2026. Les épargnants doivent donc surveiller attentivement cette échéance, d'autant que la situation politique et les municipales peuvent influencer la date ou le niveau de la révision.