En matière d'écologie, les banques en ligne donnent l'exemple

Mickaël Touré 27 Mai 2019 17:50

Devant l'urgence écologique, les banques traditionnelles font souvent office de mauvais élèves. Pourtant, les banques en ligne permettent d'apporter certaines réponses au niveau environnemental.

En matière d'écologie, les banques en ligne donnent l'exemple

Ces derniers temps, la question écologique intègre de plus en plus la sphère du débat dans l'opinion publique. Il suffit de se référer aux résultats des dernières élections européennes pour s'en convaincre.

Au vu de l'urgence, ces préoccupations touchent tous les domaines. Et la banque ne fait pas exception. Son rôle est d'ailleurs beaucoup plus important qu'il n'y paraît. Pas toujours irréprochables, les banques sont souvent pointées du doigt par les associations concernées. Pourtant, l'arrivée des banques en ligne pourrait bien modifier (un peu) la donne.  

Des banques conventionnelles pas exemptes de tout reproches

Voilà un constat souvent dressé par les associations de protection de l'environnement : les banques « conventionnelles » jouent un rôle non-négligeable dans le financement de projet ayant un impact négatif sur l'environnement.  

Le secteur bancaire français est dominé par des entreprises peu soucieuse de l'écologie et avec une empreinte carbonne très élevée. Ce manque d'intérêt se traduit notamment par un financement aveugle des sociétés qui misent sur les énergies fossiles néfastes pour l'environnement. À cet égard, beaucoup estiment que la responsabilité des banques dans le réchauffement climatique est très élevée.

Fin 2018, une étude OXFAM intitulée « Banques Française, les fossiles raflent la mise » délivrait d'ailleurs un constat accablant vis-à-vis de l'impact négatif des banques sur l'environnement.

Elle révélait par exemple qu'en 2016 et 2017, sur 10 euros de financements accordés par les banques aux énergies, 7 euros allaient aux énergies fossiles, alors que 2euros seulement était consacrés aux énergies renouvelables.

Sur cette même période, les banques ont même réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables (moins 1,85 milliard d'euros) d'un montant équivalent à l'augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles (+ 1,8 milliard d'euros).

De même, elle explique également que pour 1 euro accordé sur les marchés financiers en faveur des énergies renouvelables, les Banques françaises accordent plus de 8 euros aux énergies fossiles.

Pour l'usager, le problème est en réalité assez simple. Il ne sait pas dans quoi l'argent qu'il place est investi.

Ainsi, la banque effectue des investissements dans des domaines qui ne correspondent pas forcément à un mode de vie éthique et responsable. Elle peut, par exemple, octroyer des crédits à des entreprises de pétrole, de charbon ou nucléaire en manque de capitaux pour se développer.

Néanmoins, certaines banques comme La Nef ou le Crédit sont considérées comme « des banques éthiques ».

Plusieurs critères permettent de juger l'éthique d'une banque. Notamment, leurs activités de financement, l'opacité de la banque vis-à-vis de ses opérations, les pratiques sur les marchés financiers ou les droits des salariés. Une banque comme la Nef choisira par exemple de ne pas soutenir le secteur des énergies fossiles ou du nucléaire tout en proposant une transparence totale vis-à-vis de ses activités grâce à des rapports annuels très précis.

La banque en ligne, candidate parfaite au titre de banque écologique

À l'instar de ces banques éthiques, l'arrivée des banques en ligne a aussi permis d'entrevoir un nouveau modèle de banque écologique.

Pas de naïveté excessive pour autant, beaucoup de ces banques appartiennent à des banques traditionnelles et sont donc tout aussi opaques vis-à-vis de leurs financements. Cela étant, c'est au niveau de son fonctionnement que la banque en ligne a de sérieux atouts à faire valoir.

Tout d'abord, grâce à la dématérialisation l'impact écologique des banques en ligne est déjà plus réduit. Cela peut paraître dérisoire, mais grâce à un fonctionnement via internet, ce sont, par exemple, des tonnes de papiers qui sont économisés.

De même, la banque en ligne est également synonyme d'une diminution de la consommation énergétique. Même si une banque en ligne a besoin de locaux, les agences ne sont pas nécessaires. Elles s'exonèrent donc des coûts habituels de fonctionnement (eau, électricité, chauffage) et les concentrent dans un lieu unique.

Au niveau de l'usager, la banque en ligne ne génère pas non plus de déplacement. Et donc permet de réduire les émissions de CO2. Tant de petits détails qui font la différence.

Par ailleurs, de nombreuses Fintech tablent sur l'écologie et l'éthique pour se développer. C'est par exemple le cas de Morning, une startup toulousaine qui souhaitait investir dans l'économie sociale et solidaire. Malheureusement, après de nombreux déboires, elle a dû revoir ses ambitions à la baisse.

D'autres initiatives sont tout de même à l'oeuvre comme le système Jak en Scandinavie. Certains sites en ligne comme Epargneclimat.com permettent également de savoir si vos placements sont éco-responsables ou non et d'orienter vers tout un tas d'offres vertes.

Vers une banque plus éco-responsable ?

L'arrivée des banques en ligne semble avoir donné quelques idées aux banques traditionnelles. En réalité, même avant l'arrivée de ce type de banque, elles semblaient déjà vouloir faire des efforts dans ce sens.

Ainsi, dès 2010, le Crédit Agricole signe un partenariat avec le WWF. La même année HSBC compensait ses émissions de CO2 par différentes mesures et la Société Générale a également mis en place une taxe carbone interne.

La Société Générale, BNP et le Crédit Agricole adhèrent par exemple aux principes Equateur, aux côtés de 70 autres banques mondiales. Depuis 2003, il incite les banques à effectuer une analyse détaillée des aspects écologiques et sociétaux des projets qui sont financés. Même si ces principes ne sont appliqués qu'aux financements (5% des activités bancaires) et non aux crédits, il s'agit d'un premier pas qui amorce peut-être une prise de conscience plus large.

Surtout qu'au niveau législatif, de nombreuses entreprises bancaires redoublent d'efforts en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE), mais peinent encore à convaincre l'opinion publique.

Simple coup de pub ou réelle volonté de changement ? Difficile à dire. En tout cas, la finance verte pourrait bien devenir un des enjeux de la banque de demain. 

>> À lire également

Les Français croient en la banque de demain

La protection des données, un enjeu majeur pour les FinTech

 

 

Nos autres actualités

Précédent Suivant

Comparer gratuitement les banques en ligne

Inscrivez-vous à notre Newsletter hebdomadaire

Rejoignez 20.000 abonnés puis recevez gratuitement et sans engagement nos actualités et bons plans