Les bailleurs réévaluent leurs placements face aux tensions du marché
Le marché locatif privé traverse une période d'incertitude qui pousse de nombreux propriétaires à reconsidérer leurs choix. Entre fiscalité lourde, exigences techniques croissantes et rendement affaibli, les arbitrages deviennent de plus en plus fréquents. Une étude menée par BPCE dresse un panorama contrasté où les signaux d'alerte se multiplient.

Une intention de se désengager plus forte que celle d'investir
Selon l'analyse réalisée par BPCE, la dynamique observée ces dernières années s'inverse progressivement : la part de propriétaires envisageant de réduire leur exposition à l'immobilier locatif dépasse désormais légèrement celle des particuliers souhaitant agrandir leur patrimoine. Une situation radicalement différente de 2022, où les intentions d'achat dominaient nettement.
Les écarts générationnels sont également significatifs. Les bailleurs plus jeunes se montrent majoritairement enclins à conserver leurs biens, tandis que les propriétaires plus âgés envisagent plus souvent une sortie progressive du marché. Parmi les seniors, un peu plus d'un tiers s'interrogent sur la pertinence de maintenir un logement en location, une proportion supérieure à celle de l'ensemble des répondants.
Plusieurs facteurs alimentent ce mouvement. La fiscalité pesant sur les revenus locatifs est citée comme premier motif d'inquiétude, notamment chez les ménages en milieu de carrière : près d'un actif sur deux voit dans l'impôt un frein majeur. À cela s'ajoutent des obligations opérationnelles toujours plus nombreuses, allant des travaux d'entretien aux mises aux normes énergétiques, sans oublier la disparition de dispositifs publics qui soutenaient autrefois l'investissement.
Revenus, retraite, transmission : les moteurs de l'investissement évoluent
Interrogés sur leurs objectifs, les bailleurs déclarent que la recherche d'un revenu stable demeure leur priorité. La qualité intrinsèque du logement arrive ensuite, suivie par l'appréciation du quartier et la capacité du bien à conserver sa valeur dans le temps.
Les motivations évoluent également. La préparation de la retraite gagne du terrain et devient un argument majeur : près d'un répondant sur deux cite ce motif, une progression notable par rapport à la précédente étude. La volonté de transmettre un bien à un proche progresse aussi de plusieurs points, tandis que la constitution d'un capital reste relativement stable.
En parallèle, la perception du rendement se dégrade : une part significative de propriétaires estime que l'équilibre entre recettes et dépenses n'est plus aussi favorable qu'en 2022, accusant un recul évalué à environ sept points.
| Principaux obstacles cités | Poids estimé dans l'étude |
|---|---|
| Gestion de la relation avec les locataires | Obstacle majoritaire |
| Fiscalité en hausse | Plus de 40 % des propriétaires |
| Coûts liés aux normes et rénovations | Préoccupation en nette augmentation |
Une part croissante de bailleurs anticipe même la possibilité de ne plus pouvoir louer leur bien si les critères réglementaires, notamment énergétiques, deviennent trop exigeants. À l'inverse, la pression liée au remboursement des crédits immobiliers se relâche légèrement grâce à l'amélioration des conditions financières.
Un profil d'investisseurs qui se transforme
Les particuliers engagés dans l'investissement locatif représentent un peu plus d'un dixième de la population adulte. Ils affichent en moyenne une situation financière plus robuste, et résident plus fréquemment dans les grandes agglomérations. Leur comportement évolue également : la détention de plusieurs biens progresse, plus de quatre propriétaires sur dix déclarant posséder au minimum deux logements destinés à la location.
La durée de détention s'allonge, signe que de nombreux bailleurs conservent leur bien dans le temps, parfois depuis plus d'une décennie. Parallèlement, les modes d'exploitation se diversifient : si la location nue traditionnelle reste dominante, la formule meublée continue de gagner du terrain et la location de courte durée poursuit son essor, portée par de nouvelles stratégies patrimoniales.