Crédits immobiliers : une dynamique en hausse, mais encore fragile
La production de crédits immobiliers a enregistré un nouveau rebond en octobre 2025, confirmant un redressement amorcé depuis le début de l'année. Toutefois, comparée à ses voisins européens, la France avance à un rythme plus mesuré, freinée par un climat politique incertain qui incite les ménages à la prudence.

Une progression mensuelle confirmée, mais moins marquée qu'en Europe
D'après les dernières statistiques publiées par la Banque de France, les nouveaux prêts à l'habitat accordés aux particuliers, hors renégociations, ont atteint 13,2 milliards d'euros en octobre 2025. Ce montant représente une progression de près de 3 % par rapport au mois de septembre, où la production s'élevait à 12,8 milliards d'euros.
Cette hausse s'inscrit dans une tendance de redressement plus large observée depuis le début de l'année. Entre janvier et fin octobre 2025, le volume cumulé des crédits immobiliers distribués atteint 120,9 milliards d'euros, contre 87,9 milliards d'euros sur la même période un an plus tôt, soit une augmentation de 37 % sur un an glissant.
Malgré ce rattrapage, la France reste en retrait par rapport à plusieurs pays de la zone euro. En octobre, l'encours de crédits immobiliers n'a progressé que de 0,6 % dans l'Hexagone, alors que l'Espagne et l'Italie affichent des hausses respectives de 3,4 % et 3,2 %. L'Allemagne se situe également au-dessus, avec une progression de 2,4 %, pour une moyenne de la zone euro établie à 2,8 %.
Un décrochage persistant sur les volumes annuels
Les écarts se confirment également lorsqu'on observe les volumes sur douze mois glissants. Depuis novembre 2024, la production annuelle française atteint environ 155 milliards d'euros. Ce niveau demeure très éloigné du pic observé en 2022, où les crédits immobiliers avaient culminé à 235 milliards d'euros.
La comparaison européenne reste défavorable : sur la même période, l'Allemagne totalise près de 194 milliards d'euros de production, tandis que l'Espagne et l'Italie affichent respectivement 80 milliards et 59 milliards d'euros. Un contraste marqué avec les années précédant la phase de ralentissement entamée en 2022, lorsque la France figurait parmi les moteurs du crédit immobilier en Europe.
Des taux attractifs qui n'expliquent pas l'attentisme
Ce rythme modéré ne semble pas lié aux conditions de financement. Les taux moyens des crédits immobiliers sont restés stables entre septembre et octobre, à 3,09 %. Pour un mois d'octobre, il faut remonter à 2022 pour observer un niveau plus bas, avec un taux moyen de 1,77 %. À titre de comparaison, les moyennes s'établissaient à 3,45 % en 2023 et 3,52 % en 2024.
Les emprunteurs français bénéficient par ailleurs de conditions plus favorables que la moyenne de la zone euro, située à 3,33 %. Les taux pratiqués en Allemagne (3,73 %) et en Italie (3,30 %) sont également supérieurs, tandis que seule l'Espagne affiche un niveau plus bas, à 2,67 %.
Le contexte politique comme principal facteur de prudence
L'évolution de l'OAT à 10 ans, référence pour le refinancement bancaire, n'apporte pas non plus d'explication décisive. À 3,56 % en France, elle dépasse légèrement les niveaux observés en Italie (3,54 %), en Espagne (3,31 %) et en Allemagne (2,84 %), sans pour autant entraîner un durcissement significatif des conditions de crédit.
Selon plusieurs experts cités dans les analyses de marché, l'attentisme des ménages s'explique avant tout par l'instabilité politique. Le mois d'octobre a été marqué par une succession d'événements institutionnels, entre tensions gouvernementales et incertitudes autour de l'exécutif. Ce climat mouvant a renforcé la prudence des ménages, retardant certains projets immobiliers malgré des conditions de financement jugées favorables.
Comparaison européenne de la dynamique du crédit immobilier
| Pays | Hausse des encours en octobre | Production annuelle récente |
|---|---|---|
| France | +0,6 % | 155 Md€ |
| Allemagne | +2,4 % | 194 Md€ |
| Espagne | +3,4 % | 80 Md€ |
| Italie | +3,2 % | 59 Md€ |
| Moyenne zone euro | +2,8 % | - |