La Zone Euro doit affronter « le risque d'une inflation durablement trop faible »
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a présenté lundi 28 avril à Paris, le rapport annuel de la Banque centrale. L'occasion de revenir sur la politique monétaire française et européenne, ses succès et surtout ses principaux défis pour les prochaines années.
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer à Paris
Continuer la lutte contre une inflation trop faible. C'est le principal mot d'ordre de la Banque Centrale Européenne et de la Banque de France, dont son gouverneur, Christian Noyer, présentait lundi 28 avril, le rapport annuel, à Paris.
Le défi de l'inflation
Selon M. Noyer, le premier grand défi que doit affronter la Zone Euro est « le risque d'une inflation durablement trop faible ». Plusieurs facteurs expliquent cette chute du taux d'inflation, tombé de 2,7% en glissement annuel fin 2011 à 0,5% en mars 2014, en Zone Euro. Parmi ceux-ci, « la baisse des prix (à l'importation) des matières premières et de l'énergie », a-t-il avancé.
D'autres facteurs sont toutefois plus permanents et plus profonds a expliqué le gouverneur de la Banque de France, dans sa lettre adressée au président de la République et aux présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale.
« Les capacités de production inutilisées demeurent importantes, le désendettement privé et public est toujours en cours et le rétablissement de la compétitivité passe dans de nombreux pays par une baisse des prix des salaires ».
Les politiques de désendettement et de regain de compétitivité dans les pays de la Zone Euro les plus touchés par la crise économique provoquent ainsi selon M. Noyer, « de puissantes pressions désinflationnistes ».
Des risques pris en compte par le Conseil des gouverneurs de la BCE, qui, comme le note M. Noyer, a baissé « à deux reprises ses taux directeurs en 2013 » et a « mis les taux d'intérêt au plus bas », actuellement à 0,25%. La BCE qui n'exclut pas selon Christian Noyer, si les risques demeurent trop élevés, de mettre en place « d'autres actions de politiques monétaires, y compris non-conventionnelles ».
L'Euro fort, deuxième défi
Deuxième défi pour la Banque Centrale Européenne, l'appréciation de sa monnaie, « facteur qui pousse l'inflation à la baisse », rappelle Christian Noyer.
L'augmentation de la valeur de l'Euro a ainsi contribué, à elle seule, à réduire de 0,5 point le taux d'inflation depuis un an. Sans cette surévaluation de l'euro, qui aggrave les risques de déflation, le taux d'inflation serait donc aujourd'hui de 1%, un peu plus proche de l'objectif de la BCE.
Christian Noyer a toutefois souhaité rappeler lors de cette conférence, que cette dépréciation n'avait pas uniquement des causes monétaires, « puisque le taux de change n'est pour personne un objectif en soi, et que la politique monétaire européenne n'est pas moins accommodante que celle des Etats-Unis ».
Selon M. Noyer, au cours des derniers mois, l'importance des flux de capitaux, « redéployés des pays émergents vers les marchés de la Zone Euro », en sont à l'origine. Un attrait de capitaux qui atteste toutefois du bon dynamisme économique de l'UE.
La BCE anticipe ainsi une « remontée progressive de l'inflation au cours des deux prochaines années vers l'objectif de 2% ».
« Nous devons affronter les défis qui persistent avec détermination », a finalement conclu Christian Noyer sur les objectifs de la BCE.