Inégalités patrimoniales chez les enfants français révélées par l'Ined
Une étude récente de l'Ined met en évidence des écarts importants dans l'épargne détenue par les enfants en France. Les disparités sont liées au niveau de vie des parents, à la structure familiale et au rôle des grands-parents.

Une minorité d'enfants concentre l'essentiel de l'épargne
Selon l'Institut national d'études démographiques (Ined), une petite fraction des enfants français détient la majorité de l'épargne. D'après les travaux de l'économiste Marion Leturcq, 10 % des enfants les mieux dotés concentrent 74 % de l'épargne totale, souligne l'étude publiée le 26 novembre 2025 à partir des données de l'Insee.
Montants moyens et répartition selon l'âge
L'Ined précise que la moitié des enfants n'ont aucune épargne ou seulement quelques euros, tandis que 10 % dépassent 3.150 euros. En moyenne, un enfant dispose de 1.300 euros, montant qui augmente avec l'âge : 350 euros pour les plus jeunes et plus de 2.300 euros à l'adolescence.
Influence du niveau de vie des parents
L'épargne reflète fortement le patrimoine familial. Les écarts sont « sans surprise, liés au niveau de richesse des parents », note l'étude. Parmi les adolescents de 16-17 ans issus des familles les plus modestes, 40 % n'ont aucun produit d'épargne, contre seulement 13 % dans les foyers aisés.
Le rôle du soutien intergénérationnel
Les grands-parents jouent un rôle crucial dans la constitution de l'épargne, ce que l'étude qualifie de « soutien intergénérationnel ». Un adolescent vivant avec ses deux parents et quatre grands-parents peut détenir en moyenne 3.300 euros, contre 1.900 euros pour un enfant avec un ou aucun grand-parent en vie.
Impact de la taille de la fratrie et de la structure familiale
La taille de la fratrie influence également les montants accumulés. Les enfants uniques ont en moyenne 3.112 euros à l'adolescence, tandis que ceux de familles nombreuses (quatre enfants ou plus) atteignent seulement 1.338 euros. De même, les jeunes élevés par un seul parent disposent de moins d'épargne que ceux vivant dans un foyer biparental.
Tableau récapitulatif : épargne moyenne selon situation familiale
| Situation | Épargne moyenne (€) |
|---|---|
| Enfant unique à l'adolescence | 3.112 |
| Famille nombreuse (4 enfants ou plus) | 1.338 |
| Foyer avec deux parents et 4 grands-parents vivants | 3.300 |
| Foyer monoparental ou 1 grand-parent vivant | 1.900 |
Des placements différents selon le niveau de vie
Les enfants des familles aisées ont plus souvent accès à des placements à forte rentabilité tels que PEA ou PER, alors que ceux des foyers modestes se contentent de livrets classiques moins rémunérateurs. Ces écarts se traduisent par une accumulation patrimoniale très inégale dès le plus jeune âge.
Conséquences sur l'accès au patrimoine à l'âge adulte
L'étude conclut que les inégalités commencent dès l'enfance et se creusent à l'adolescence. Au passage à la majorité, la majorité des jeunes dispose de très faibles réserves, tandis qu'une minorité possède déjà un patrimoine financier comparable à celui de ménages adultes modestes.