Crédit immobilier : comment interpréter les derniers chiffres de la Banque de France ?

Mickaël Touré 09 Juillet 2020 14:48

Selon les derniers chiffres de la Banque de France, la production de nouveaux crédits immobiliers redémarre en France. Vraie reprise ou redémarrage en trompe l'oeil ? Explications.

Crédit immobilier : comment interpréter les derniers chiffres de la Banque de France ?

Le secteur immobilier redémarre ! C'est en tout cas comme ça que l'on pourrait interpréter les chiffres de la Banque de France parus en début de semaine. Boostée par les demandes de renégociation, la production de nouveaux crédits en France semble repartir. Malgré une vraie reprise qui semble s'amorcer, ces chiffres doivent cependant être considérés avec prudence.

Les taux repartent à la baisse

Premier constat, selon les chiffres communiqués par la Banque de France et publiés le 6 juillet, le taux moyen des crédits immobiliers a baissé en mai. Il était de 1,25%, en baisse de 6 points de base par rapport à avril, où il était de 1,31% (et 1,19% en mars). Actuellement les taux moyens sont de 1,20 % sur 15 ans, 1,40 % sur 20 ans et 1,60 % sur 25 ans.

Hors renégociation, le taux moyen s'établissait à 1,17 % en mai, soit une hausse de 1 point de base sur un mois (1,16 % en avril), des chiffres plutôt stables malgré une augmentation de 0,30 % en moyenne des barèmes affichés par les banques en avril et en mars. Cela indique très clairement que les banques ont pu accorder des décotes de taux par rapport aux barèmes affichés, notamment pour les meilleurs profils qui ont pu obtenir un crédit pendant ou juste après le confinement.

D'ailleurs, les taux restent attractifs en juillet puisque les barèmes des banques restent globalement stables. On note même des baisses de 0,15 à 0,25% pour deux banques nationales.

Des chiffres à relativiser

Des chiffres encourageants donc, mais qui ne doivent pourtant pas empêcher une certaine prudence.

En effet, la durée d'un achat immobilier peut s'étaler sur plusieurs mois. Ainsi, on peut facilement comprendre que les chiffres de la Banque de France ne fassent pas état de la réalité immédiate du marché. 

Afin de se prémunir face à une éventuelle désillusion, la prudence est de mise pour de nombreux clients. Pour le président et fondateur de BourseDesCrédits,  Arsalain El-Kessir, la rentrée sera le véritable révélateur :

 « Les chiffres ne doivent pas être interprétés de la même manière qu'avant. Il faut se demander s'il n'y a pas eu des projets mis en attente pendant la période de confinement, décalés et finalement réalisés au mois de mai. Le crédit immobilier a une très forte saisonnalité en avril, mai et juin. Beaucoup de primo-accédants préfèrent réaliser ces opérations avant la rentrée. Pour ces raisons, ces chiffres doivent être analysés avec un peu de recul. Il faudra attendre le mois de septembre pour avoir un peu de vision. » Explique-t-il notamment.

Vers une reprise définitive du marché ?

Malgré la méfiance de rigueur, les indicateurs semblent néanmoins au vert pour que la tendance se confirme.

Par exemple, en mai, la production de crédits immobiliers hors renégociations a augmenté de plus de 33%, jusqu'à retrouver son niveau de mars 2020 (14,3 milliards contre 10,7 milliards en avril). Un beau rebond, lorsque l'on sait qu'en avril, au plus fort du confinement, la production avait chuté à 9,8 milliards d'euros. Soit une baisse de 32 % sur un mois et de 45% depuis février.

Tous crédits confondus, la production de nouveaux crédits à l'habitat atteint en mai 21,1 milliards d'euros, soit un montant supérieur à mai 2019. Un dynamisme retrouvé et qui devrait perdurer si l'on en croit les demandes de prêts reçues en juin et des récentes baisses de taux ou décotes pratiquées par certaines banques en juillet.

De même, selon Arsalain El-Kessir, la crise aura au moins un avantage notable : « le marché s'est beaucoup digitalisé, c'est le point positif de cette période post-covid »

Enfin, la Banque de France de son côté, confirme que le mouvement de renégociations de prêts se poursuit, même s'il est probable qu'il connaisse un ralentissement.

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