Comment bien investir dans le vin ?

Marie Nahmias 06 Janvier 2016 17:11

Plus tangible et attractif que des placements ordinaires, le vin regorge d'arguments pour convaincre les investisseurs. Il faut toutefois rester prudent et bien se renseigner avant de placer son argent.

Comment bien investir dans le vin ?Il est recommandé de ne pas placer plus de 10% de son patrimoine dans le vin.

Vous songez à investir dans le vin ? Si votre argent peut joliment fructifier, donnez le temps à votre réflexion d'arriver à maturité avant de vous lancer. Avec la baisse d'attractivité des investissements classiques, les Français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers des placements dits atypiques tels que le vin. Mais la prudence est de mise.

Marier plaisir et profits

"Les fonds en euros (ndlr : assurance-vie) qui sont passés en dessous de 3% ne satisfont plus les clients. Mais il ne faut pas se tourner vers ce type d'investissement pour les mauvaises raisons", explique Florence Brau Billod, conseillère indépendante en gestion de patrimoine, présidente de Patrimoine SA.

Le vin doit être avant tout un investissement de plaisir et l'argent ne peut être le seul facteur de motivation. Pour concilier passion et rentabilité, il est important d'investir dans un produit que l'on comprend.

"Le client qui est déjà amateur va s'intéresser au produit dans lequel il place son argent et aura la capacité de juger les investissements qu'on lui propose", analyse Florence Brau Billod qui avoue ne jamais présenter ce genre d'investissements à ses clients et attendre que ce soit eux qui lui en parlent.

En investissant dans le vin, les épargnants cherchent aussi à transmettre leur patrimoine. C'est un investissement tangible donc attractif. "J'ai des clients qui sont venus pour constituer des caves pour leurs enfants, il y a une plus-value affective", confie Jean-Christophe Coisy, fondateur de Cavexchange, plateforme d'investissement en ligne.

Toujours prévoir une épargne sécuritaire 

Si le vin est un bon moyen de diversifier son patrimoine, il est indispensable pour l'investisseur de garder une épargne sécuritaire.

Je conseille aux investisseurs de ne mettre que 5% ou 10% de leur patrimoine dans le vin

Florence Brau Billod, conseillère indépendante en gestion de patrimoine,

présidente de Patrimoine SA

Il est recommandé de ne pas placer plus de 5% de son capital, dans ce type de biens atypiques, jusqu'à 10% pour un gros patrimoine.

"Avant d'être une source de rendement, le vin doit être une diversification. Si les épargnants investissent une grande majorité de leur patrimoine dans le vin, alors cela devient une profession", prévient Florence Brau Billod.

La traçabilité du produit vous assure un meilleur prix de revente

Si vous souhaitez placer votre argent dans le vin vous devrez aussi faire preuve de patience car cela représente un investissement sur le long terme, d'au moins cinq ans. Il faut donc être prévoyant et certain de ne pas avoir besoin de récupérer son argent en cas de coup dur.

Il est très difficile de connaître précisément la valeur d'une bouteille. Pour s'assurer un bon prix de revente, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté. Cela commence par être en mesure de retracer le parcours de la bouteille depuis sa mise en circulation. Vous devez donc garder la facture d'origine et être en capacité de prouver où la bouteille a été stockée.

"Le produit le plus parfait est celui qui est dans son conditionnement d'origine. Les bouteilles avec une grande traçabilité sont les plus liquides", constate Jean-Christophe Coisy. Garder la bouteille dans sa propre cave n'est donc pas le choix le plus judicieux. Certaines sociétés comme Cavexchange proposent à leurs clients de stocker les bouteilles à leur place, ce qui leur assure une certification de bonne conservation du vin.

Avec une acquisition au bon moment, l'investisseur peut également espérer une meilleure plus-value. "Il faut acheter les vins à leur sortie des châteaux. Quand elles arrivent sur le marché, c'est là que les bouteilles sont les moins chères", conseille Jean-Christophe Coisy. Restez également vigilants en ce qui concerne les bouteilles trop anciennes, car les transactions sur ce type de biens se font beaucoup plus rares.

Les groupements fonciers viticoles, gage de sécurité

Si vous souhaitez miser sur le vin en prenant le moins de risques possible, regardez du côté des groupements fonciers viticoles (GVF). Ces derniers correspondent à une réunion d'investisseurs qui deviennent ensemble propriétaires de vignes. Ils les louent ensuite à des vignerons, pour une durée minimum de dix-huit ans, ce qui leur assure un revenu plus régulier.

Les GVF sont d'autant plus attractifs qu'ils offrent de nombreux avantages en termes de fiscalité. Les investisseurs bénéficient d'exonération d'ISF et de droits de donation et de succession à hauteur de 75% de leur valeur dans la limite de 101.897 euros, puis 50% au-delà.

Eviter le pire avec quelques bons réflexes

Ceux qui ont investi dans un Château Lafite Rotschild 2010, s'en souviennent encore. Après avoir payé cette bouteille 1090 euros TTC en 2011, les investisseurs se retrouvent aujourd'hui avec un bien dont le prix du marché oscille aux alentours de 600 euros, se désole Jean-Christophe Coisy. En cause notamment, les acheteurs chinois qui se sont désintéressés des grands vins français et qui ont annulé de nombreuses commandes.

Afin d'éviter ce genre de déceptions amères, certaines précautions sont de mise. Les placements atypiques, très séduisants, touchent désormais un public plus large. Par conséquent, le nombre d'acteurs qui proposent des produits non réglementés a explosé. Le marché n'étant pas régulé, c'est donc à l'épargnant de bien s'informer. Il faut redoubler d'attention et garder en tête qu'il y a toujours un lien entre risques et rendements.

C'est comme se baigner sur une plage non surveillée, il faut au moins que le client sache nager et n'oublie pas qu'il peut y avoir des requins

Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l'Autorité des marchés financiers (AMF)

Si une entreprise ne parle que de performance et de taux élevés, il est préférable de faire attention. "Plus vous êtes séduits, plus je vous conseille de vous asseoir et de prendre le temps de réfléchir", conseille Claire Castanet.

Un des premiers reflexes à avoir selon l'AMF est de vérifier que l'entreprise existe bel et bien. S'assurer que la société siège à l'adresse indiquée sur le site, passer un coup de fil... Des gestes qui peuvent paraître basiques, mais qu'il est important de ne pas négliger.

Vous êtes également en droit de demander des comptes tout au long de votre investissement. "Il ne faut pas hésiter à réclamer des bilans annuels et éventuellement de vous les faire expliquer pour s'assurer que les chiffres sont crédibles", préconise Florence Brau Billod.

En cas de suspicion, les épargnants peuvent directement appeler l'Autorité des marchés financiers au 01 53 45 52 00 pour demander des conseils sur un placement ou signaler des produits douteux.

>>Lire aussi : "Redevenir acteur de son argent" avec l'épargne solidaire

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