Crédit à la consommation : entre recul historique et reprise attendue
En 2024, le crédit à la consommation en France a enregistré une baisse continue, marquée par une forte désaffection des ménages. Selon la 37ᵉ édition de l'Observatoire des crédits aux ménages (OCM), seulement 41,9 % des foyers détenaient un crédit, un chiffre au plus bas depuis 35 ans. Parmi ces ménages, seulement 19 % avaient recours au crédit à la consommation, une tendance qui se poursuit depuis 2019. Ce déclin est principalement dû à l'inflation, la crise immobilière et la prudence accrue des ménages.
En 2024, la production de crédits à la consommation a progressé de seulement 0,3 %, atteignant 48 milliards d'euros, tandis que les financements pour des biens durables ont diminué, avec une baisse de 8,6 % pour les crédits affectés et 4,3 % pour les crédits automobiles d'occasion.
Cependant, bien que moins de ménages empruntent, l'encours total des crédits à la consommation dépasse désormais les 212 milliards d'euros, témoignant d'une augmentation continue malgré la baisse du taux de détention. De plus, les nouveaux plafonds d'usure, effectifs depuis le 1er juillet 2025, introduisent des taux plus élevés pour protéger les emprunteurs. Parallèlement, le secteur du leasing reste particulièrement dynamique, enregistrant une hausse de 21,5 % par rapport à l'année précédente, tandis que les crédits sur lieu de vente, en revanche, connaissent une chute importante de 10,5 %. En 2025, une légère reprise du crédit à la consommation est attendue, soutenue par des taux d'intérêt modérés et une économie en stabilisation.
L'encours de crédits à la consommation en hausse
Malgré une baisse des prêts accordés, l'encours de crédits à la consommation a continué de croître. Les dernières données de la Banque de France montrent que l'encours a atteint 212,9 milliards d'euros en mars 2025, en augmentation de 4 % par rapport à l'année précédente. Selon la Fédération bancaire française, l'encours total des crédits aux particuliers s'élevait à 1 528 milliards d'euros à fin mai 2025, dont 214 milliards d'euros étaient dédiés au crédit à la consommation. En mai, l'encours de crédits à la consommation a progressé de 3,6 %, bien que cette croissance soit inégale. Les contrats de location avec option d'achat, tels que le leasing, ont connu une hausse significative (+21,5 %), tandis que les prêts sur lieu de vente ont chuté de 10,5 %. Cette situation s'explique par la diversité des segments du marché, les prêts auto et personnels ayant enregistré une stabilité relative.
Profil des emprunteurs et leurs projets
Les emprunteurs sont principalement des actifs âgés de 25 à 50 ans, répartis quasiment de manière égale entre hommes et femmes. Les projets financés par ces crédits concernent principalement l'achat de véhicules, des travaux de rénovation de l'habitat, l'achat d'équipements ménagers ou encore des événements familiaux comme des mariages ou des naissances. La réglementation fixe un plafond pour les crédits à la consommation à 75 000 €, mais en pratique, les prêts personnels vont de 200 € à 50 000 €, tandis que les crédits affectés, destinés à des projets spécifiques comme l'achat de véhicules ou de travaux, peuvent atteindre entre 60 000 € et 75 000 €.
Un environnement propice à la reprise en 2025
La situation économique s'est améliorée en 2024, l'inflation ayant ralenti à 2 %, ce qui a contribué à stabiliser le pouvoir d'achat. En parallèle, la Banque centrale européenne a maintenu son taux de dépôt à 2 % en juillet 2025, après plusieurs baisses successives. Cela a permis de stabiliser les conditions d'emprunt pour les ménages. De plus, la confiance des Français a augmenté : 60,5 % des ménages estiment que leur situation financière s'est stabilisée ou améliorée, contre 53,6 % en 2023. Une majorité (85,4 %) des ménages endettés jugent leurs remboursements supportables, et 19,7 % se déclarent “à l'aise" financièrement. Cette amélioration du moral des ménages se reflète dans une légère reprise des intentions de souscription de crédits à la consommation, 3,7 % des ménages envisageant d'emprunter en 2025, contre 3,5 % en 2023.
Perspectives de reprise modérée du crédit à la consommation
Les perspectives pour 2025 sont plus optimistes. L'inflation maîtrisée, des taux d'intérêt stables et un environnement économique moins incertain devraient favoriser la demande de crédit à la consommation. Les experts anticipent une reprise progressive du marché, notamment au second semestre 2025, bien que cette reprise demeure inférieure aux niveaux observés avant la crise sanitaire.
Les taux d'usure et leurs effets sur le marché
Au 1er juillet 2025, les nouveaux plafonds d'usure ont été fixés, augmentant ainsi les limites des taux d'intérêt pour certains prêts. Le taux d'usure pour les prêts inférieurs ou égaux à 3 000 € est passé à 23,39 %, tandis que pour les prêts entre 3 000 € et 6 000 €, il a été porté à 15,79 %, et pour les prêts supérieurs à 6 000 €, il est désormais de 8,69 %. Ces ajustements visent à protéger les emprunteurs contre des taux abusifs. Toutefois, les taux réels appliqués par les établissements financiers restent largement inférieurs à ces plafonds. Par exemple, les taux effectifs annuels globaux (TAEG) moyens sur les prêts personnels et auto varient autour de 5,2 %, et peuvent descendre à des niveaux aussi bas que 0,90 % pour les meilleurs profils. Les prêts renouvelables, en revanche, affichent des taux beaucoup plus élevés, jusqu'à 22,93 %.
Facteurs de la baisse de l'emprunt
La diminution du recours au crédit à la consommation s'explique par plusieurs facteurs : la crise immobilière a réduit la mobilité des ménages, l'inflation a freiné les achats importants, et la réglementation a limité l'accès au crédit renouvelable. Par ailleurs, la chute des crédits sur lieu de vente indique que les ménages privilégient des solutions de paiement immédiates ou alternatives.
Un rebond prudent mais attendu
En dépit de la prudence des ménages, 2025 pourrait marquer une reprise modérée du marché. La stabilité des taux d'intérêt et la baisse de l'inflation devraient soutenir la demande de crédits à la consommation. Avec des conditions d'emprunt favorables et une confiance retrouvée, les emprunteurs devraient envisager des financements plus diversifiés, notamment des prêts amortissables classiques plutôt que des crédits renouvelables, souvent plus coûteux.