Réglementation financière : pourquoi les placements deviennent de plus en plus coûteux
Alors que l'Union européenne renforce les obligations de transparence pour les distributeurs de produits financiers, les investisseurs constatent une hausse des frais. Entre exigences administratives accrues et adaptation technologique, la réglementation MiFID et DORA a un coût que les épargnants commencent à ressentir.
La réglementation financière européenne pèse sur les frais des placements
Les nouvelles obligations imposées par Bruxelles, notamment dans le cadre des directives MiFID II et DORA, bouleversent le paysage des placements financiers. En cherchant à renforcer la transparence et la protection des investisseurs, ces mesures entraînent paradoxalement une hausse des coûts pour les sociétés de gestion... et donc pour les épargnants.
Des exigences administratives plus lourdes pour les distributeurs
Depuis plusieurs mois, les acteurs du marché alertent sur l'impact financier des nouvelles règles de conformité. Les distributeurs doivent désormais fournir des rapports détaillés sur les risques, les frais et les rendements de chaque produit financier. Cette transparence accrue nécessite la mise en place de systèmes informatiques complexes et le renforcement des équipes de contrôle interne, des coûts que les banques et assureurs répercutent en partie sur leurs clients.
Selon plusieurs professionnels interrogés, la charge réglementaire aurait augmenté de 20 à 30 % en moyenne ces dernières années. Une inflation administrative qui pèse particulièrement sur les acteurs indépendants, souvent moins armés pour absorber ces surcoûts.
Les nouvelles règles DORA et PRIIPs accentuent la tendance
Entrée en vigueur début 2025, la réglementation DORA (Digital Operational Resilience Act) impose des standards de cybersécurité élevés pour toutes les entreprises financières. Les coûts liés à la mise en conformité technologique se chiffrent en millions d'euros pour les grands groupes.
De leur côté, les règles PRIIPs exigent une information claire et uniforme sur les produits d'investissement. Chaque contrat ou fonds doit désormais être accompagné d'un document standardisé de 3 pages, présentant les scénarios de performance et les frais. Si l'objectif est louable, la production et la mise à jour de ces documents multiplient les dépenses opérationnelles.
Une hausse des frais qui touche directement les épargnants
Pour les investisseurs, ces ajustements se traduisent par des frais de gestion et d'entrée plus élevés. Certains fonds d'investissement ont déjà revu leurs barèmes, tandis que des assureurs annoncent une augmentation des frais administratifs sur les contrats d'assurance vie multisupport.
En parallèle, la baisse des marges incite les sociétés de gestion à réduire le nombre de produits commercialisés, limitant la diversification offerte aux épargnants. Une conséquence paradoxale pour une réglementation qui visait à renforcer la concurrence et la transparence.
Un équilibre encore à trouver entre protection et accessibilité
Si les professionnels saluent l'objectif de sécuriser les placements financiers, ils appellent à une simplification des obligations administratives pour éviter un effet contre-productif. « Trop de régulation tue la régulation », résume un gérant de portefeuille interrogé.
En attendant, les investisseurs sont invités à comparer attentivement les frais avant de souscrire un produit d'épargne ou d'investissement. Le renforcement de la transparence doit permettre, à terme, de mieux évaluer le rapport entre coût et performance.