Crise du logement en Île-de-France : 1,3 million de mal-logés en 2025
En 2025, près de 1,3 million de Franciliens sont touchés par le mal-logement. Hébergement saturé, loyers élevés, parc social bloqué : la crise s'aggrave.
Une explosion du nombre de sans-domicile en région parisienne
La Fondation pour le logement des Défavorisés dresse un constat alarmant : la crise du logement atteint un niveau inédit en Île-de-France. Selon son rapport publié le 13 octobre 2025, plus de 125 000 Franciliens sont aujourd'hui sans domicile personnel. Parmi eux, 4 275 personnes ont été recensées sans abri lors des dernières “Nuits de la solidarité" à Paris et en petite couronne.
Les situations précaires se multiplient également : en 2024, plus de 41 000 ménages demandeurs de logements sociaux déclaraient ne pas avoir de toit ou vivre dans des abris de fortune. En parallèle, plus de 207 000 foyers dépendaient d'un hébergement temporaire chez des tiers. Des chiffres en hausse de près de 50 % par rapport à 2019.
Des dispositifs d'hébergement saturés et sous tension
Malgré un effort réel des pouvoirs publics pour tripler les capacités d'accueil, les dispositifs d'hébergement d'urgence restent débordés. Chaque soir, environ 2 000 personnes ne trouvent pas de solution malgré les appels au 115. La lassitude s'installe : près de 70 % des personnes concernées ne contactent plus ce numéro d'urgence, faute de réponse.
Le rapport souligne également la durée d'occupation prolongée des places disponibles : 27 mois en moyenne en Île-de-France, contre 5,3 mois au niveau national. Cette saturation empêche le renouvellement des bénéficiaires et fragilise davantage les nouveaux demandeurs.
Le logement social, une voie d'accès de plus en plus bouchée
Face à la flambée des prix immobiliers, de nombreux ménages se tournent vers le parc social, 2,5 fois moins cher que le secteur privé. Pourtant, cette alternative s'essouffle : près de 888 000 Franciliens sont aujourd'hui en attente d'un logement social. Seuls 7 % d'entre eux parviennent à obtenir une réponse favorable.
La production de logements sociaux, elle, s'effondre. En 2024, deux fois moins de logements ont été agréés qu'en 2016, bloquant toute amélioration structurelle à court terme.
Un parc immobilier dégradé qui profite de la crise
Cette impasse alimente le développement d'un marché immobilier dégradé, où près de 400 000 habitants vivent dans des logements insalubres : absence d'eau courante, chauffage insuffisant ou installations sanitaires inexistantes. La Fondation estime également que plus d'un Francilien sur cinq vit dans un logement trop petit au regard de la taille de son foyer.
En tout, près d'un million d'habitants sont aujourd'hui concernés par le mal-logement dans la région, tandis que 28 000 nouveaux ménages s'y installent chaque année. Un afflux démographique qui accentue encore la pression sur un marché déjà saturé.
Vers un plan d'urgence pour le logement francilien ?
Face à cette situation, la Fondation appelle à un plan de relance du logement social et à une régulation plus stricte du marché locatif. L'objectif : éviter que la capitale ne devienne un territoire inaccessible pour les classes moyennes et les ménages modestes. Un défi majeur pour les pouvoirs publics, alors que le droit au logement demeure l'un des piliers de la cohésion sociale.