Étude Clameur : l'encadrement des loyers peine à produire des effets
L'encadrement des loyers, censé réguler les prix dans les zones tendues, ne semble pas atteindre ses objectifs à Lyon et Lille. Selon Clameur, le dispositif ne fait pas baisser les loyers et pourrait même nuire à l'offre locative.

Des résultats décevants pour Lyon et Lille
Selon l'observatoire privé Clameur, l'encadrement des loyers n'a pas eu d'impact significatif sur les loyers pratiqués dans les villes de Lyon (Rhône) et Lille (Nord). Ce dispositif, conçu pour limiter la hausse des loyers dans les zones où la demande est forte, n'a pas permis de réduire le montant des loyers sur plusieurs années d'expérimentation, indique l'étude publiée le 18 novembre 2025.
Guillaume Toussaint, co-auteur du rapport, explique que l'analyse repose sur un modèle comparatif inspiré de la médecine, visant à isoler l'effet du dispositif sur le marché. Les chercheurs ont confronté les données de Lyon et Lille à celles de villes comparables sans encadrement, telles que Rennes et Toulouse, en se basant sur près de 11 millions de baux issus de professionnels soumis au dispositif.
Des tendances stables malgré la régulation
Les données montrent que, malgré la mise en place de plafonds de loyers, les évolutions restent globalement identiques avant et après l'instauration de la mesure. « Ce qu'on constate, c'est que les tendances restent les mêmes avant et après », souligne Guillaume Toussaint. L'étude indique donc que le dispositif n'a pas réussi à contenir les loyers dans le secteur privé.
Paris a été volontairement exclue de l'analyse, car son marché locatif possède des caractéristiques particulières. Pour la capitale, une étude précédente de l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR) avait observé que l'encadrement avait permis d'éviter une augmentation de 8,2 % des loyers entre juillet 2023 et juin 2024.
Un dispositif jugé contre-productif
Les parlementaires Annaïg Le Meur (EPR) et Iñaki Echaniz (PS) avaient souligné que l'encadrement des loyers visait avant tout à limiter les loyers excessifs plutôt qu'à les faire baisser. Pourtant, l'étude Clameur conclut que le mécanisme « ne produit aucun effet sur les loyers et pénalise l'offre locative ».
L'observatoire estime même que le dispositif peut se révéler contre-productif, en dissuadant certains propriétaires d'investir ou de mettre leurs logements en location. Le constat met en lumière les limites d'une régulation administrative face aux dynamiques complexes du marché immobilier urbain.
Perspectives et débats futurs
Ces résultats relancent le débat sur l'efficacité réelle de l'encadrement des loyers dans les métropoles régionales. Alors que la mesure reste défendue pour son rôle de modération des loyers excessifs, les experts appellent à réfléchir à des alternatives, combinant incitations fiscales et politiques de logement plus globales, afin de soutenir l'offre tout en protégeant les locataires.