Évolution du patrimoine immobilier : les écarts s'accentuent entre les ménages
Les nouvelles données de la Banque de France sur la répartition du patrimoine des ménages confirment une tendance marquée : depuis plus d'une décennie, la valeur du patrimoine immobilier progresse fortement, mais cette croissance bénéficie surtout aux foyers les plus aisés. L'étude de la Direction des études économiques de La Banque Postale, publiée en 2025, met en évidence des trajectoires patrimoniales très contrastées selon les niveaux de richesse.

Une hausse soutenue du patrimoine immobilier depuis 2010
Depuis la fin de la crise financière de 2008, le patrimoine immobilier des ménages français s'est considérablement accru, porté par la hausse continue des prix du logement. D'après les données de la Banque de France, la valeur des actifs immobiliers détenus par les ménages a fortement augmenté depuis 2009. Cette progression, principalement alimentée par la flambée du marché résidentiel, a davantage profité au dernier décile de la population, c'est-à-dire aux 10 % les plus riches. Pour ces ménages, la valorisation du patrimoine immobilier constitue une composante majeure de leur enrichissement global.
Des dynamiques d'endettement opposées selon le niveau de revenu
L'étude distingue des comportements d'endettement très différents entre les ménages modestes et les plus aisés. Entre 2010 et 2015, les foyers les moins dotés en patrimoine (déciles 1 à 5) ont connu une phase de désendettement, liée à une restriction du crédit et à un marché immobilier plus difficile d'accès. En revanche, la période de taux d'intérêt historiquement bas, entre 2016 et 2022, a marqué un tournant : l'accès au crédit s'est assoupli, permettant aux ménages modestes d'investir davantage et d'accroître sensiblement leur patrimoine immobilier brut.
Les effets du durcissement des taux sur la production de crédits
Depuis 2022, la remontée des taux d'intérêt a ralenti la dynamique du marché, mais pas de manière uniforme. Les ménages modestes ont continué à recourir au crédit de manière relativement stable, selon la Banque de France, tandis que les plus fortunés ont fortement réduit leurs emprunts. Pour ces derniers, l'achat immobilier relève souvent d'un investissement locatif ou patrimonial. La baisse des rendements, liée à la hausse des taux, a donc freiné leur intérêt pour ce type de placement.
Un patrimoine globalement en croissance, mais des écarts persistants
Si le patrimoine immobilier global des ménages français reste en hausse sur la longue période, l'étude souligne que la valorisation de ces actifs profite inégalement selon les classes sociales. Les ménages du bas de la distribution continuent d'accumuler des actifs immobiliers à un rythme plus lent, souvent contraints par l'accès au crédit et la hausse des prix. À l'inverse, les foyers les mieux dotés voient leur patrimoine se renforcer, accentuant les disparités patrimoniales au sein de la population française.