Rachat de crédit sans assurance

Ouafâa MACHRI

Écrit par Ouafâa MACHRI

✍ Les points à retenir

  • Le rachat de crédits permet de regrouper l'ensemble des prêts en cours en un seul emprunt, nécessitant souvent la souscription d'une assurance emprunteur.
  • Bien que l'assurance emprunteur ne soit pas légalement obligatoire, elle est généralement indispensable pour des montants élevés ou des rachats de crédits hypothécaires.
  • Cette assurance protège l'établissement prêteur, l'emprunteur et ses proches en cas d'incapacité à rembourser l'emprunt due à un sinistre couvert.
  • Elle couvre divers événements de la vie, tels que le décès, l'invalidité, l'incapacité, la perte d'emploi ou les accidents.
  • Pour réduire son coût, l'emprunteur peut opter pour une délégation d'assurance en choisissant un contrat plus avantageux auprès d'un autre assureur.

Qu'est-ce que le rachat de crédit sans assurance ?

Le rachat de crédit signifie faire racheter tous vos prêts existants (immobilier, consommation, auto, etc.) par un nouvel établissement financier, de manière à n'avoir plus qu'un unique prêt et une seule mensualité, potentiellement plus faible. Généralement, le nouvel organisme demande une assurance emprunteur (assurance décès, invalidité, voire incapacité de travail) pour se prémunir du risque de non-remboursement en cas de problème de santé ou de décès.

Pourtant, certaines situations amènent un emprunteur à envisager un rachat de crédit sans assurance :

  • Âge avancé ou conditions de santé jugées à risque, entraînant des surprimes ou un refus d'assurance,
  • Coût de l'assurance jugé trop élevé, rendant l'opération moins rentable,
  • Nécessité d'un regroupement urgent (risque de surendettement) sans vouloir souscrire une couverture supplémentaire.

Il faut noter qu'en France, l'assurance emprunteur n'est pas légalement obligatoire pour un crédit à la consommation. En revanche, pour un rachat immobilier (part immo > 60 %), la banque impose presque toujours une couverture, car elle veut se protéger d'un défaut de remboursement si un imprévu survient.

Les différents types de regroupement de crédits

Rachat de crédit immobilier

Si la part immobilière représente plus de 60 % du total à regrouper, on parle d'un rachat immobilier. L'établissement impose souvent une hypothèque (ou caution) sur le bien. Pour ces rachats, l'assurance est quasi incontournable, car l'emprunt peut courir sur 20-25 ans et le risque de défaut est significatif. Réaliser un rachat immobilier sans assurance est donc très compliqué : la banque s'y oppose généralement, sauf situations exceptionnelles (client à très hauts revenus, garanties patrimoniales importantes...).

Rachat de crédit à la consommation

Si la part immobilière est ≤ 60 %, c'est un rachat conso. Vous regroupez auto, prêt perso, renouvelable, découvert, etc. en un seul emprunt. Aucune hypothèque n'est nécessaire. Sur ce type de rachat, la loi n'oblige pas formellement l'assurance emprunteur. De nombreux organismes la proposent ou l'exigent, mais il est possible d'en trouver qui n'exigent pas systématiquement cette couverture, ou qui l'acceptent avec d'autres garanties. Vous pouvez donc, potentiellement, effectuer un rachat conso sans assurance si l'établissement l'accepte.

Rachat de crédit mixte (immobilier + conso)

Si vous avez un crédit immobilier d'un montant modeste et plusieurs crédits conso, vous pouvez fusionner l'ensemble. Selon la proportion d'immobilier (> ou < 60 %), le regroupement sera classé en rachat immo ou conso. S'il s'agit d'un rachat immobilier, l'absence d'assurance sera quasi impossible à faire accepter. S'il s'agit d'un rachat conso, l'hypothèse d'un rachat sans assurance demeure envisageable, bien que peu courante.

Spécificités et conséquences d'un rachat de crédit sans assurance

Prise de risque pour l'emprunteur (et ses proches)

Ne pas souscrire d'assurance implique que si l'emprunteur décède ou subit une invalidité/une incapacité de travail, aucun assureur ne prendra le relais du paiement des mensualités. Il en résultera soit un impayé, soit la revente forcée d'un bien immobilier en garantie, soit la transmission de la dette aux héritiers. C'est un risque financier majeur, que vous acceptez en renonçant à l'assurance.

Difficile à obtenir pour un rachat immobilier

Pour un regroupement à part immobilière majoritaire, l'assurance est pratiquement incontournable. Les banques protègent leur exposition sur une longue durée. Seules des garanties alternatives (patrimoine, nantissement d'épargne...) peuvent compenser, mais cela reste rare et réservé à des profils aisés.

Surcoût ou refus si risque aggravé de santé

Certains emprunteurs souhaitent un rachat sans assurance parce qu'ils subissent une surprime voire un refus d'assurance pour raisons médicales. Malgré la convention AERAS, l'assurance peut devenir onéreuse. Dans ce cas, on peut tenter un rachat conso sans couverture ou chercher une délégation d'assurance plus flexible, mais ce n'est pas toujours possible.

Conditions d'éligibilité pour un regroupement sans assurance

Taux d'endettement acceptable

Le rachat doit ramener votre taux d'endettement (mensualité / revenus) à ~33-35 %. Même sans assurance, l'établissement analysera votre solvabilité. L'absence de couverture accroît la prudence de la banque, qui risque de refuser si votre endettement est déjà élevé.

Solidité du dossier (revenus, relevés bancaires)

Vous devez prouver votre capacité à rembourser. En l'absence d'assurance, la banque est plus exigeante : bulletins de salaire ou bilans (indépendants), relevés bancaires sans incidents, etc. Si vous êtes fiché FICP, c'est quasiment impossible. Le prêteur veut un dossier exemplaire pour compenser le risque.

Garanties alternatives ou rachat conso

Pour un rachat immobilier, la banque réclame presque toujours une hypothèque et une assurance. Ne pas prendre d'assurance exige des garanties alternatives (ex. patrimoine, épargne disponible, etc.) ou un rachat conso si l'immobilier n'est pas majoritaire. Dans ce dernier cas, pas d'hypothèque, mais un taux plus élevé, durée plus courte, plus de précautions demandées.

La procédure : étapes pour un rachat de crédit sans assurance

Étape 1 : Recenser ses prêts et envisager l'absence de couverture

Commencez par lister tous vos crédits (montants, taux, durées, mensualités). Calculez la part immo vs conso. Déterminez si vous tenez absolument à éviter l'assurance (coût jugé trop élevé, refus d'assurance, etc.). Sachez que pour un rachat conso sans assurance, c'est possible mais pas garanti ; pour un rachat immo, c'est quasi impossible.

Étape 2 : Comparer plusieurs offres et vérifier l'exigence d'assurance

Approchez plusieurs établissements de regroupement de crédits. Demandez des simulations (TAEG, durée, frais de dossier, indemnités de remboursement anticipé). Interrogez-les sur leur position quant à l'assurance emprunteur : l'exigent-ils systématiquement ? Sont-ils prêts à l'écarter en échange de garanties supplémentaires (caution solidaire, hypothèque sur un autre bien, épargne mise en nantissement...) ?

Étape 3 : Monter le dossier et convaincre la banque

Une fois une offre potentielle trouvée, vous constituez un dossier complet : bulletins de salaire, avis d'imposition, relevés bancaires, etc. Montrez votre stabilité financière, l'absence d'incidents et un taux d'endettement raisonnable. Arguez de vos garanties alternatives (revenus élevés, patrimoine, caution solidaire d'un tiers éventuellement) si c'est ce que la banque réclame pour accepter l'absence d'assurance.

Étape 4 : Signature et remboursement des anciens crédits

Si l'établissement valide votre rachat sans assurance, vous signez un contrat. Si c'est un rachat conso, vous n'aurez pas d'acte notarié. Si c'est un improbable rachat immobilier sans assurance, la banque imposera sûrement une hypothèque. Ensuite, le nouvel organisme solde vos prêts existants, et vous n'aurez plus qu'une unique mensualité, sans assurance à payer, mais avec un risque financier accru.

Quels sont les frais d'un rachat de crédit sans assurance ?

Frais de dossier et indemnités de remboursement anticipé (IRA)

Les organismes pratiquent des frais de dossier (forfait ou pourcentage du capital). Pour solder un prêt immobilier avant terme, vous payez des IRA (indemnités de remboursement anticipé), plafonnées souvent à 3 % du capital restant dû ou 6 mois d'intérêts. Sur un crédit conso, elles sont encadrées. Vous devez inclure ces frais dans le calcul de rentabilité du regroupement.

Pas de prime d'assurance... mais un taux possiblement majoré

En refusant l'assurance, vous économisez la prime mensuelle correspondante. Cependant, l'établissement peut majorer légèrement le taux pour compenser le risque ou exiger un cautionnement (frais de caution) si c'est un rachat immobilier. De plus, s'il y a hypothèque, vous paierez un acte notarié (1-2 % du capital) et la publicité foncière, dans le cas d'un rachat immo.

Garanties alternatives (caution, épargne bloquée...)

En l'absence d'assurance, certains organismes demandent un nantissement d'épargne (bloquer une certaine somme sur un compte) ou la caution d'un tiers solvable. Ces dispositifs peuvent engendrer des coûts annexes (frais de caution, impossibilité de disposer de l'épargne bloquée, etc.). Intégrez ces coûts pour évaluer la rentabilité globale.

Exemples concrets de rachat de crédit sans assurance

Cas 1 : Rachat conso sans assurance, revenus stables

M. X, 35 ans, dispose de :

  • Un prêt auto (reste 7 000 €),
  • Un prêt renouvelable (4 000 €),
  • Un prêt perso (5 000 €).

Mensualités cumulées ~400 €. Il veut descendre à ~250 €. Après simulation, un rachat conso ~16 000 € sur 6 ans, taux 4 %. Il hésite à prendre l'assurance (coût ~20 €/mois). Il cherche un organisme acceptant de s'en passer car il est en excellente santé, sans enfants à charge, et juge l'assurance inutile. La banque B l'accepte, moyennant un taux 4,2 % au lieu de 4 %. Mensualité ~255 € (sans assurance). Il y gagne 145 € par mois, tout en prenant le risque de non-couverture en cas de décès/invalidité.

Cas 2 : Tentative de rachat immobilier sans assurance... refus

Mme Y, 50 ans, a :

  • Un crédit immobilier (reste 90 000 €),
  • Un prêt auto (5 000 €),
  • Un prêt renouvelable (3 000 €).

Mensualités totales ~800 €. Elle souhaite un rachat immobilier (part immo > 60 %), sur 15 ans, hypothèque sur sa maison. Elle refuse l'assurance car elle est jugée “à risque" (antécédents médicaux) et la prime est très élevée. Les banques contactées refusent : elles estiment le risque trop grand. Finalement, un organisme propose un montage si elle souscrit tout de même une délégation d'assurance. Le rachat sans assurance se révèle impossible dans son cas, faute de garanties alternatives suffisantes.

FAQ : Rachat de crédit sans assurance

  1. Est-il légal de souscrire un crédit sans assurance emprunteur ?
    Pour un crédit conso, oui, la loi n'exige pas d'assurance. Pour un crédit immo, l'assurance n'est pas légalement obligatoire, mais la banque l'exige systématiquement, sauf exceptions (garanties très solides).

  2. Quels risques si je décède ou suis invalide sans assurance ?
    Les héritiers devront solder le prêt, ou la banque pourra saisir le bien hypothéqué s'il y en a un. C'est un risque majeur pour vous et vos proches.

  3. Est-ce moins cher au final ?
    En refusant l'assurance, vous économisez la prime mensuelle, mais le taux proposé peut être plus élevé, ou la banque peut exiger d'autres garanties. De plus, vous prenez la responsabilité totale en cas de coup dur.

  4. Comment faire si mon état de santé m'empêche de souscrire une assurance ?
    La convention AERAS facilite l'accès au crédit pour risques aggravés de santé. Si vous êtes refusé, vous pouvez solliciter un rachat conso sans assurance, ou chercher une délégation d'assurance spécialisée. Les solutions dépendent de votre dossier et des garanties possibles.

  5. Puis-je souscrire une assurance plus tard ?
    En théorie, vous pourriez tenter de négocier ou d'ajouter une assurance ensuite, mais la banque doit accepter la modification du contrat. Mieux vaut clarifier la question dès le départ.

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