Rachat de crédit à l'étranger

Ouafâa MACHRI

Écrit par Ouafâa MACHRI

Rachat de crédit à l'étranger

✍ Les points à retenir

  • Si vous avez plusieurs crédits en France et souhaitez effectuer un rachat depuis l'étranger, ou si vous résidez en France avec des emprunts souscrits à l'étranger, des solutions adaptées existent.
  • Le rachat de crédits permet d'optimiser votre budget en regroupant vos prêts en cours.
  • La situation personnelle de l'emprunteur est un critère essentiel pour définir les modalités de l'opération.
  • Pour regrouper des prêts contractés à l'étranger, il est recommandé de choisir une banque disposant également d'une implantation en France.
  • Faire appel à un professionnel spécialisé est vivement conseillé pour bénéficier d'un accompagnement optimal dans vos démarches.

Qu'est-ce que le rachat de crédit à l'étranger ?

Le rachat de crédit à l'étranger renvoie à une situation où l'emprunteur :

  • Réside hors de France (expatrié, frontalier...) et souhaite regrouper ses crédits (contractés en France, dans le pays de résidence ou dans plusieurs pays),
  • A souscrit des crédits auprès de banques étrangères et souhaite unifier ses dettes,
  • Perçoit des revenus dans un autre pays, rendant la souscription ou le rachat plus complexe auprès d'établissements français.

Le regroupement de crédits fusionne toutes vos dettes en un seul emprunt, potentiellement avec un taux renégocié et une durée plus longue. Ainsi, vous obtenez une unique mensualité, adaptée à vos ressources transfrontalières ou expatriées, limitant le risque de surendettement et simplifiant la gestion de plusieurs crédits nationaux et/ou internationaux.

Les différents types de regroupement de crédits

Rachat de crédit immobilier

Si la part immobilière > 60 % de la somme à regrouper, on parle de rachat immobilier. L'établissement demande souvent une hypothèque (ou caution) sur un bien immobilier. Vous bénéficierez :

  • D'un taux souvent plus avantageux qu'un rachat conso,
  • D'une longue durée possible (20-25 ans),
  • De la possibilité d'inclure d'autres prêts (auto, renouvelable, etc.) tant que l'immobilier reste majoritaire.

Dans le cadre d'un rachat à l'étranger, il convient de déterminer où se situe le bien immobilier (en France ou hors de France), et si la banque est autorisée à prendre une hypothèque sur ce bien.

Rachat de crédit à la consommation

Si la part immobilière ≤ 60 %, vous êtes sur un rachat conso. Vous regroupez vos prêts auto, renouvelable, prêt personnel, découvert, etc. en un seul emprunt. La durée est plus courte (10-12 ans maximum), le taux plus élevé, mais vous n'avez pas à hypothéquer un bien. C'est idéal si vous n'avez pas de prêts immobiliers en France ou si la valeur de l'immobilier est insuffisante pour couvrir la majorité de la dette.

Rachat de crédit mixte (immobilier + conso)

Si vous possédez un crédit immobilier d'un montant moyen et plusieurs crédits conso, vous pouvez fusionner tout en un seul contrat. La proportion d'immobilier (> ou < 60 %) déterminera la classification en rachat immo ou conso. Vous aurez une unique mensualité, potentiellement plus basse, simplifiant la gestion de vos dettes internationales ou transfrontalières.

Les spécificités liées à la résidence et au lieu de travail

Résidence à l'étranger, revenus en France

Si vous résidez à l'étranger mais continuez de percevoir des revenus en France (salaire d'une entreprise française, pension, etc.), vous devrez prouver que votre domiciliation fiscale ou du moins vos revenus sont traçables auprès d'organismes bancaires français. Certains établissements acceptent cette configuration, d'autres l'estiment trop risquée. Il convient de justifier la stabilité des revenus, l'absence de fichage, etc.

Résidence en France, revenus à l'étranger

Si vous habitez en France mais travaillez hors de l'Hexagone (transfrontalier, expatrié rentré en France mais conservant un contrat étranger), les banques exigent souvent des justificatifs de revenus (bulletins de salaire, relevés bancaires étrangers...), en s'assurant que vous n'êtes pas fiché localement. Le taux de change, la stabilité de l'employeur international et la régularité des transferts peuvent être des éléments évalués.

Prêts contractés hors de France

Si vous avez souscrit des crédits dans un autre pays, vous devrez évaluer s'il est possible de les racheter via un organisme français ou s'il vous faut faire appel à un établissement du pays d'origine. Les contraintes légales, fiscales, les frais de transfert, le régime matrimonial ou commercial local peuvent compliquer la démarche. Certains organismes français n'acceptent pas de racheter des prêts purement étrangers si le bien n'est pas situé en France ou si les règles bancaires divergentes rendent la procédure hasardeuse.

Pourquoi opter pour un rachat de crédit à l'étranger ?

Alléger la mensualité et limiter le surendettement

Travailler ou résider hors de France peut compliquer la gestion de plusieurs crédits (un en France, un dans le pays de résidence...). En unifiant ces emprunts au sein d'un unique prêt, vous réduisez la mensualité globale, stabilisez votre budget et évitez le surendettement dans un contexte transfrontalier ou expatrié.

Valoriser un bien immobilier si part immo > 60 %

Si vous détenez un logement (en France ou ailleurs, selon la possibilité de garantie) et que la part immo > 60 %, vous bénéficiez d'un taux plus bas qu'un rachat conso. Le bien sert de caution/hypothèque, vous permettant d'inclure d'autres prêts conso dans ce même contrat. À l'étranger, la législation doit autoriser la prise d'hypothèque ou la banque française doit être prête à l'accepter.

Simplifier la gestion de plusieurs crédits transfrontaliers

Le rachat de crédit fusionne toutes vos dettes (acquises en France ou potentiellement dans différents pays) si l'établissement l'accepte. Vous obtenez une unique mensualité, un unique taux, évitant les fluctuations de taux de change, la multiplicité des dates de prélèvement ou des comptes bancaires internationaux, renforçant la lisibilité et la maîtrise de votre endettement global.

Conditions d'éligibilité pour un regroupement à l'étranger

Taux d'endettement acceptable

Le rachat de crédit doit ramener votre taux d'endettement (mensualité / revenus globaux) à ~33-35 %. Si, malgré un taux renégocié ou une durée allongée, la charge finale demeure trop lourde, la banque peut refuser le dossier. L'opération est censée assainir votre situation financière, pas l'aggraver.

Stabilité des revenus et absence de fichage

Vous devez prouver la stabilité de vos ressources : bulletins de salaire (français ou étrangers), bilans d'indépendant, relevés bancaires sans incidents, etc. Si vous êtes fiché FICP (incidents de paiement en France) ou équivalent à l'étranger, votre dossier est plus compliqué. Les organismes exigent souvent une résidence et un compte bancaire en France (ou un canal de transferts sécurisés) pour prélever la mensualité.

Garanties et hypothèque sur un bien

Si la part immo > 60 %, vous êtes sur un rachat immobilier. L'organisme demandera une hypothèque (ou caution) sur le bien immobilier, souvent situé en France (plus simple légalement). Si le bien est situé hors de France, il faut voir si la banque est prête à accepter une garantie sur un logement à l'étranger, ce qui est rarissime ou compliqué administrativement.

La procédure : étapes pour un rachat de crédit hors de France

Étape 1 : Recenser ses prêts et déterminer la situation

Dressez un inventaire : montants restants, taux, durées, mensualités de chaque crédit (français ou étranger). Calculez votre taux d'endettement en tenant compte de vos revenus (localisés en France ou ailleurs). Vérifiez la part immo vs conso. Identifiez les obstacles potentiels (législation locale, reconnaissance des dettes étrangères...).

Étape 2 : Comparer plusieurs offres et effectuer des simulations

Contactez plusieurs établissements : banques françaises ou étrangères (si elles proposent un regroupement transfrontalier). Demandez des simulations (TAEG, durée, frais de dossier, IRA). Comparez la nouvelle mensualité, le coût total (intérêts + frais). La concurrence peut être limitée si vous résidez à l'étranger, mais il est utile de solliciter plusieurs organismes pour trouver la plus adaptée.

Étape 3 : Monter le dossier et obtenir la validation

Une fois l'offre retenue, constituez un dossier : bulletins de salaire ou bilans, relevés bancaires (français et, si nécessaire, étrangers), avis d'imposition, etc. S'il s'agit d'un rachat immobilier (part immo > 60 %), incluez le titre de propriété (idéalement en France) et l'estimation du bien. L'organisme vérifie votre solvabilité, l'absence de fichage, la possibilité légale de rachat de prêts étrangers, etc. Après validation, vous signez un contrat (et acte notarié s'il y a hypothèque).

Étape 4 : Signature et remboursement des anciens crédits

Le nouvel organisme rembourse directement vos anciens prêts auprès de leurs créanciers (banques françaises ou étrangères). Vous n'aurez plus qu'une unique mensualité, potentiellement plus basse, au taux et à la durée choisis. Vos anciens crédits sont clos, clarifiant votre budget de résident ou de travailleur à l'étranger.

Quels sont les frais d'un rachat de crédit à l'étranger ?

Frais de dossier et indemnités de remboursement anticipé (IRA)

Les organismes facturent des frais de dossier (un pourcentage du capital ou un forfait). Pour solder un prêt immobilier avant l'échéance, on règle des IRA (indemnités de remboursement anticipé), plafonnées souvent à 3 % du capital restant dû ou 6 mois d'intérêts. Sur un crédit conso, elles sont encadrées. Les frais peuvent être plus élevés si vous rachetez des crédits contractés à l'étranger, en raison de possibles frais de change, d'authentification ou de traduction.

Frais de notaire si hypothèque sur un bien en France

Pour un rachat immobilier (part immo > 60 %), la banque impose une hypothèque. Celle-ci nécessite un acte notarié (1-2 % du capital) et la publicité foncière. Sur un bien situé en France, la procédure est standard. Sur un bien étranger, l'établissement français peut refuser ou exiger des garanties complexes. Les frais de notaire, de traduction ou de légalisation peuvent s'ajouter.

Assurance emprunteur et exigences transfrontalières

Le nouvel emprunt inclut une assurance (décès, invalidité). Les conditions varient si l'assuré réside hors de France, en particulier pour la prise en charge ou les exclusions de garanties. Vérifiez si votre pays de résidence est accepté. Vous pouvez opter pour une délégation d'assurance, en comparant les offres, mais veillez à vérifier la compatibilité de la couverture avec votre situation transfrontalière ou expatriée.

Exemples concrets de rachat de crédit à l'étranger

Cas 1 : Résidence hors de France, revenus mixtes

M. X, expatrié en Suisse, perçoit un salaire en CHF et un revenu locatif d'un appartement en France. Il a :

  • Un crédit immobilier en France (reste 70 000 €, taux 2,9 %, 8 ans),
  • Un crédit auto souscrit en Suisse (reste 10 000 CHF),
  • Un prêt perso en France (5 000 €).

Mensualités cumulées ~900 € (converti). Il souhaite un rachat immo si possible. Après simulation, il se voit proposer un rachat immobilier (part immo > 60 %) sur 15 ans, hypothèque sur l'appartement en France, taux 1,9 %. Frais notaire/hypothèque ~2 000 €, IRA ~1,5 %. Nouvelle mensualité ~600 €. Il économise 300 €, malgré un allongement de 7 ans, et inclut le prêt auto suisse (après conversion). La banque française accepte car il a un compte et un bien en France.

Cas 2 : Prêts contractés dans deux pays différents

Mme Y travaille en Belgique mais réside en France :

  • Un crédit immobilier en Belgique (reste 50 000 €)
  • Un crédit conso en France (reste 8 000 €)

Mensualités cumulées ~400 €. Elle désire tout regrouper. Elle trouve un rachat conso (part immo ≤ 60 %) en France, sur 8 ans, taux 3,5 %. Frais de dossier ~1 % du capital, IRA sur le prêt belge ~2 %. Nouvelle mensualité ~270 €. Elle y gagne 130 € par mois, simplifie ses prélèvements, malgré quelques frais de conversion/solde du prêt belge.

FAQ : Rachat de crédit à l'étranger

  1. Peut-on racheter un crédit contracté hors de France ?
    Oui, mais tout dépend de la volonté et des possibilités de la banque française. Certains organismes refusent de refinancer un crédit étranger, d'autres exigent des justificatifs de solvabilité, des traductions, etc. Il peut être plus simple de passer par un organisme du pays d'origine du prêt si celui-ci propose un regroupement.

  2. Quid de l'hypothèque si le bien est situé hors de France ?
    Rares sont les banques françaises qui acceptent une hypothèque sur un bien étranger. Le plus souvent, pour un rachat immobilier, on attend que le bien soit en France. Sinon, il faut se tourner vers une banque du pays où se situe le logement, ou trouver un organisme spécialisé dans le transfrontalier.

  3. Faut-il ouvrir un compte bancaire en France si je réside à l'étranger ?
    La plupart des organismes français demandent un compte en France pour prélever la mensualité. Il peut être possible de prélever sur un compte étranger, mais c'est plus rare. Il est recommandé d'avoir un compte français pour simplifier les flux et respecter la législation.

  4. Est-ce rentable si mon crédit immobilier en France se termine bientôt ?
    Probablement pas, car vous avez déjà payé la majorité des intérêts. Les frais (IRA, notaire, dossier) risquent de surpasser l'économie potentielle. Une simulation précise est donc incontournable pour vérifier la rentabilité.

  5. Peut-on inclure une trésorerie pour un projet à l'étranger ?
    Oui, si l'organisme l'accepte et que le taux d'endettement reste acceptable. Vous pouvez financer un achat auto, des travaux (en France ou potentiellement à l'étranger) tout en conservant une unique mensualité.

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