Rachat de crédit frais de succession

Ouafâa MACHRI

Écrit par Ouafâa MACHRI

Rachat de crédit frais de succession

✍ Les points à retenir

  • La perte d'un proche peut entraîner une situation financière complexe pour un héritier, notamment en raison des frais de succession à régler dans un délai limité.
  • Les frais de succession incluent les frais de notaire, les droits de succession et les coûts liés au décès.
  • Un héritier peut choisir d'accepter ou de refuser une succession, notamment si les dettes héritées dépassent la valeur de l'actif.
  • En cas d'acceptation, l'héritier dispose de six mois pour s'acquitter des frais de succession, ce qui peut nécessiter un emprunt si ses finances le permettent.
  • Si le taux d'endettement est déjà élevé, un rachat de crédits peut être envisagé pour réduire les mensualités et obtenir une trésorerie complémentaire.

Qu'est-ce que le rachat de crédit en lien avec les frais de succession ?

Le rachat de crédit consiste à faire racheter l'ensemble de vos emprunts (immobilier, consommation, auto, découvert, etc.) par un nouvel établissement financier. Vous n'aurez plus qu'une unique mensualité, potentiellement plus faible, sur une durée adaptée. Dans le cadre de frais de succession, l'opération prend deux dimensions :

  1. Dégager une trésorerie pour régler les droits de succession, les frais de notaire, ou la soulte d'un cohéritier (si vous reprenez un bien immobilier et devez indemniser les autres héritiers).
  2. Baisser la pression mensuelle globale (si vous aviez déjà plusieurs crédits) pour absorber plus facilement la nouvelle charge ou l'emprunt contracté pour payer la succession.

Le rachat de crédit peut être classé en rachat immobilier (si la part immo > 60 %) ou rachat conso (part immo ≤ 60 %). Dans le premier cas, une hypothèque peut être exigée sur un bien immobilier (dont vous êtes déjà propriétaire ou que vous héritez). Dans le second, vous n'aurez pas à hypothéquer de logement, mais le taux sera un peu plus élevé et la durée plus courte (10-12 ans max).

Les différents types de regroupement de crédits

Rachat de crédit immobilier

Si la part immobilière (> 60 % du total des sommes rachetées) domine, vous réalisez un rachat immobilier. L'établissement vous demandera souvent de mettre en place une hypothèque sur un bien (celui que vous possédiez, ou celui que vous héritez). Vous bénéficierez :

  • D'un taux souvent plus avantageux qu'un rachat conso,
  • D'une longue durée possible (20-25 ans),
  • De la faculté d'inclure d'autres prêts (conso, auto, renouvelable...) tant que l'immo reste majoritaire.

Si vous devez racheter la part de cohéritiers dans une maison ou un appartement pour en devenir l'unique propriétaire, vous pouvez intégrer le rachat de soulte dans ce regroupement immobilier.

Rachat de crédit à la consommation

Si la part immobilière est ≤ 60 %, vous êtes sur un rachat conso. Cela permet d'unifier vos crédits à la consommation (auto, prêt perso, renouvelable, découvert, etc.) en un seul emprunt, d'une durée maximum de 10-12 ans, et sans hypothèque. Vous simplifiez essentiellement la gestion de vos dettes conso, avec un taux un peu plus élevé qu'un rachat immobilier. Vous pouvez aussi solliciter une trésorerie supplémentaire pour couvrir tout ou partie des frais de succession, si votre taux d'endettement le permet.

Rachat de crédit mixte (immobilier + conso)

Si vous avez un crédit immobilier d'un montant moyen et plusieurs crédits conso, vous pouvez fusionner le tout. Selon la proportion (> ou < 60 % d'immobilier), on parlera de rachat immo ou conso. Vous n'aurez plus qu'une unique mensualité, potentiellement plus faible que la somme de vos précédentes, et vous pouvez y ajouter la somme nécessaire pour régler une succession (droits, soulte, etc.) via une trésorerie incluse.

Spécificités liées à la succession

Droits de succession et trésorerie

Lors d'un héritage, vous pouvez être redevable de droits de succession (en fonction du lien de parenté, du barème, etc.). Parfois, la somme est importante et exigible assez rapidement. Le rachat de crédit, en particulier un rachat immobilier si vous êtes co-propriétaire d'un bien hérité, peut intégrer une trésorerie supplémentaire pour régler ces droits, au lieu de souscrire un nouveau prêt distinct.

Soulte entre cohéritiers

Si plusieurs héritiers reçoivent un bien immobilier en indivision, l'un peut souhaiter racheter la part (soulte) des autres pour en devenir l'unique propriétaire. Un rachat de crédit immobilier (part immo > 60 %) peut couvrir :

  1. Le solde du crédit immobilier existant sur ce bien,
  2. La somme pour racheter la soulte de l'héritage (en fonction de la valeur du bien estimée dans la succession).

Frais de notaire et éventuels passifs du défunt

Les frais de notaire liés à la succession (acte notarié, formalités) peuvent également être financés via la trésorerie incluse dans le rachat, si besoin. De plus, si le défunt laissait des crédits en cours, l'héritier qui reprend la succession peut devoir honorer ces dettes. Le rachat de crédit permet de regrouper ces emprunts pour éviter un surendettement soudain.

Pourquoi opter pour un rachat de crédit pour payer des frais de succession ?

Alléger la charge mensuelle face à des dépenses héritées

En cas d'héritage, la gestion budgétaire peut être perturbée par des droits de succession élevés, l'obligation de payer la soulte aux cohéritiers, ou la reprise de prêts du défunt si la succession est acceptée. Le rachat de crédit vient alors harmoniser la dette, baisser la mensualité globale et donner un second souffle financier.

Simplifier la gestion des emprunts

Si vous aviez déjà plusieurs crédits et que la succession en rajoute, la situation peut vite devenir ingérable. Le rachat de crédit unifie toutes les dettes (vos propres emprunts, l'éventuel emprunt lié à l'héritage) en une seule mensualité, plus aisée à gérer. Vous réduisez le risque de surendettement, vous sécurisez votre plan de remboursement.

Valoriser un bien immobilier hérité

Si vous héritez d'un bien immobilier, que vous aviez déjà un crédit en cours ou que vous devez payer la soulte à un cohéritier, le rachat immobilier (hypothèque sur le bien) vous octroie un taux généralement plus avantageux. Vous n'aurez plus qu'une mensualité pour assumer ce bien nouvellement intégré à votre patrimoine.

Conditions d'éligibilité pour un regroupement de crédits en cas de succession

Taux d'endettement acceptable

Le rachat de crédit doit ramener votre taux d'endettement (mensualité / revenus) à ~33-35 %. Si, malgré un taux renégocié ou une durée allongée, la charge demeure trop lourde, l'établissement peut refuser. L'opération doit assainir votre situation financière post-succession, pas l'aggraver.

Dossier solide et justificatifs de succession

Vous devez présenter un dossier fiable : bulletins de salaire ou bilans, relevés bancaires sans incidents, avis d'imposition, etc. Si vous demandez une trésorerie pour payer des droits de succession ou la soulte, l'établissement peut exiger des justificatifs (acte de notoriété, attestation du notaire, estimations du bien, etc.). Un historique bancaire sain et l'absence de fichage FICP sont indispensables.

Garanties en cas de rachat immobilier

Si la part immo > 60 %, on parle d'un rachat immobilier. L'organisme peut exiger une hypothèque (ou caution) sur le bien (celui que vous possédiez déjà ou celui que vous héritiez). La valeur du logement doit couvrir le capital refinancé. Les travaux éventuels (rénovation) ou la situation de copropriété si c'est un appartement peuvent influencer l'évaluation du bien.

La procédure : étapes pour un rachat de crédit en lien avec des frais de succession

Étape 1 : Recenser ses prêts et déterminer les besoins de trésorerie

Faites la liste de tous vos emprunts (montants, taux, durées, mensualités). Calculez la part immobilière vs conso. Identifiez si vous devez payer des droits de succession, la soulte d'un cohéritier, ou solder un crédit du défunt. Estimez la somme à financer en trésorerie. Calculez votre taux d'endettement actuel et cible.

Étape 2 : Comparer plusieurs offres et effectuer des simulations

Approchez plusieurs établissements (banques, organismes de regroupement). Demandez des simulations de rachat (TAEG, durée, frais de dossier, indemnités de remboursement anticipé). Comparez la nouvelle mensualité, le coût total (intérêts + frais). La concurrence vous permettra de trouver la formule adaptée pour couvrir les frais de succession.

Étape 3 : Monter le dossier et obtenir la validation

Une fois l'offre sélectionnée, vous constituez un dossier : bulletins de salaire ou bilans si indépendant, avis d'imposition, relevés bancaires, tableaux d'amortissement, etc. Si c'est un rachat immobilier (part immo > 60 %), incluez le titre de propriété (si vous héritez du bien, attestation notariée). L'organisme évalue votre solvabilité et la valeur du logement s'il y a hypothèque. Après validation, vous signez un contrat (et acte notarié pour l'hypothèque).

Étape 4 : Signature et remboursement des anciens prêts

Le nouvel organisme rembourse vos dettes (crédits antérieurs, éventuellement le crédit du défunt dont vous reprenez la charge) et vous verse la trésorerie nécessaire aux droits de succession ou à la soulte. Vous n'avez plus qu'une unique mensualité, potentiellement plus basse, au taux et à la durée convenus. Les anciens emprunts sont clos, vous clarifiez votre situation financière post-succession.

Quels sont les frais d'un rachat de crédit lié aux frais de succession ?

Frais de dossier et indemnités de remboursement anticipé (IRA)

Les organismes facturent des frais de dossier (un pourcentage ou un forfait). Pour solder un prêt immobilier avant terme, vous devrez payer des IRA (indemnités de remboursement anticipé), souvent plafonnées à 3 % du capital restant dû ou 6 mois d'intérêts. Sur un crédit conso, elles sont encadrées. Vous devez intégrer ces coûts dans votre évaluation globale du regroupement.

Frais de notaire si hypothèque ou acte de succession

Pour un rachat immobilier (part immo > 60 %), la banque impose une hypothèque. Celle-ci nécessite un acte notarié (1-2 % du capital) et la publicité foncière. Si vous avez un acte successoral (changement d'indivision, rachat de soulte), vous paierez aussi des frais de notaire liés à la succession. Additionnez ces dépenses pour évaluer la rentabilité du regroupement.

Assurance emprunteur et coût total

Le nouvel emprunt comprend une assurance (décès, invalidité). Vous pouvez opter pour l'assurance interne de la banque ou une délégation moins coûteuse. Le coût de cette assurance impacte la mensualité globale (TAEG). Comparez la mensualité finale (prêt + assurance) à la somme de vos précédentes pour juger l'économie réelle, tout en tenant compte des dépenses de succession que vous couvrez.

Exemples concrets de rachat de crédit pour financer des frais de succession

Cas 1 : Héritier d'un bien immobilier avec soulte à payer

M. X hérite, avec sa soeur, d'une maison valant 200 000 €. Il souhaite reprendre l'entière propriété et doit verser à sa soeur 100 000 € de soulte. Il a déjà :

  • Un crédit immobilier sur son propre logement (reste 50 000 €, taux 2,9 %, 7 ans),
  • Deux crédits conso (auto 5 000 €, prêt renouvelable 3 000 €).

Il opte pour un rachat immobilier (part immo > 60 %) sur 20 ans, incluant 100 000 € de trésorerie pour la soulte, plus ses autres prêts. Hypothèque sur la maison héritée. Frais notaire ~2 % du capital, IRA ~1,5 %. Nouvelle mensualité ~700 €. M. X y gagne, car sa mensualité globale était ~600 € pour l'ancien prêt + 80 € + 50 € conso (~730 € total). Malgré un capital plus élevé (150 000 € + 8 000 € + 5 000 € = 163 000 € + 100 000 € soulte = 263 000 € en tout, par ex.), il allonge la durée, libère la soulte pour sa soeur, et n'a plus qu'une mensualité.

Cas 2 : Droits de succession élevés à régler, plusieurs crédits en cours

Mme Y hérite d'un oncle lointain, mais doit s'acquitter de droits de succession ~40 000 €, à payer rapidement. Elle a :

  • Un crédit immobilier (reste 70 000 €),
  • Un prêt auto (4 000 €),
  • Un prêt conso (6 000 €).

Mensualités cumulées ~600 €. Elle souhaite ~400 €. Après simulation, un rachat conso (part immo ≤ 60 %) sur 10 ans, montant 80 000 € (70 000 + 4 000 + 6 000 + 40 000) pour couvrir l'ensemble. Taux ~4 %. Frais de dossier ~1 %. Nouvelle mensualité ~380 €. Elle y gagne ~220 €, malgré la durée plus longue, et peut régler sans stress ses droits de succession. L'immobilier n'est pas hypothéqué car la part immo n'est pas majoritaire.

FAQ : Rachat de crédit frais de succession

  1. Peut-on directement inclure le montant des droits de succession dans le regroupement ?
    Oui, sous forme de trésorerie additionnelle. Vous déterminez la somme pour payer les droits, l'intégrez au capital du rachat, et n'avez plus qu'une unique mensualité.

  2. Quid du rachat de soulte pour un bien hérité ?
    Si vous souhaitez reprendre seul(e) un bien en indivision, vous devez verser la soulte aux cohéritiers. Un rachat immobilier (part immo > 60 %) peut inclure ce montant, hypothéquant le bien hérité.

  3. Faut-il l'accord du notaire pour inclure les frais de succession ?
    Pas directement. Le notaire s'occupe de la succession. L'établissement de rachat demande la justification du capital nécessaire (attestation du notaire, acte de partage...). Vous êtes ensuite libre de contracter ce regroupement, tant que la banque valide votre dossier.

  4. Est-ce rentable si je n'ai plus beaucoup à rembourser sur mon crédit immobilier ?
    Probablement pas, vous auriez déjà réglé la plupart des intérêts. Les frais (IRA, notaire, dossier) risquent de surpasser l'économie potentielle. Une simulation est nécessaire pour vérifier la rentabilité, surtout si vous cherchez juste à couvrir un petit montant de droits de succession.

  5. Combien de temps la procédure prend-elle ?
    Généralement 1-2 mois, selon la constitution du dossier, l'évaluation du bien, la signature notaire s'il y a hypothèque. Préparez vos documents (évaluation du notaire sur la soulte, etc.) pour accélérer.

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