En France, le secteur bancaire recrute et éclaircit un sombre tableau

Hugo Eugene 13 Octobre 2016 15:32

Les prévisions de recrutement vont bon train pour les principales banques françaises. Pourtant, depuis la crise financière de 2008, ces établissements ont tendance à supprimer des emplois année après année.

En France, le secteur bancaire recrute et éclaircit un sombre tableauLes principales banques françaises prévoient d'embaucher jusqu'à 12 000 CDI en 2017

Jusqu'ici, tout va bien. A l'heure où la transformation digitale est soupçonnée de réduire les emplois dans le secteur bancaire, les principaux groupes français n'en laissent rien paraître et dévoilent, pour 2017, des prévisions de recrutement égales à celles de 2016. Selon des informations recueillies par nos confrères du Monde, ce total d'embauche pourrait culminer à 12.000 contrats à durée indéterminée (CDI).

Ça, ce serait en prenant en compte le plan 2016 du groupe Banque populaire Caisse d'épargne (BPCE), le plan 2017 n'ayant pas encore été finalisé. Du côté de BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale, les leaders du secteur, on prévoit respectivement 2.000, 4.000 et 2.100 CDI l'année prochaine, soit un total de 8.100 collaborateurs. Sans compter les contrats à durée déterminée (CDD) et les alternances.

Une nouvelle bienvenue dans le secteur bancaire, habitué ces derniers temps à jongler avec un contexte des taux d'intérêts bas et les nouvelles règles d'exercice de la profession, coûteuses en capitaux propres. Bonne nouvelle également pour les jeunes, la Société Générale promettant la moitié de ces fameux CDI à des profils ayant entre zéro et trois ans d'expérience. Là encore, on ne compte pas les alternants, pourtant attendus en nombre du côté du Crédit Agricole (3.500) et à la Société Générale (2.000).

Des opportunités à l'étranger

Et si une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, c'est en sortant du territoire français qu'on pourra évaluer la suivante. Le Crédit Agricole et BNP Paribas prévoient ainsi de nombreux CDI à l'étranger. 2.500 créations de postes pour la "banque verte" et 17.000 pour le plus gros employeur du secteur bancaire avec 189.000 emplois dans le monde.

Comment peut-on expliquer cette bonne santé des banques françaises ? "Les banques françaises n'ont pas de problème existentiel, leur stratégie est équilibrée et leur modèle bien compris des autorités de tutelle. Elles sont bien ajustées à l'après-crise", estime Sam Theodore, chef de l'analyse bancaire de l'agence de notation Scope Ratings, interrogé par le journal Le Monde.

Depuis la crise financière de 2008, les banques françaises détruisent ainsi plus d'emplois qu'elles n'en créent. Elles ont bénéficié d'une vague de départs à la retraite et de départs volontaires, encadrée par des mesures d'accompagnement et des plans d'ajustement d'effectifs. En résulte inévitablement une érosion des effectifs d'environ 1% qui détruit plus d'emplois qu'il n'en crée.

Ressources humaines et digital, l'éternel chantier

En 2015, 39.800 recrutements ont donc été comptabilisés, avec deux tiers de CDI. Après application du 1%, l'année 2016 devrait se stabiliser vers 39.400 contrats (tous statuts et réseaux confondus). "Les banques françaises ont pris en main le sujet de l'emploi et procédé à une gestion prudente des effectifs. L'emploi net diminue certes, mais le volume de recrutements global est important", a expliqué la Fédération bancaire française au Monde.

Dans une période où la fréquentation des agences ne cesse de baisser, tout l'enjeu tient à réallouer les effectifs vers le numérique pour satisfaire les nouvelles approches générationnelles. Pour l'instant, le virage se négocie avec douceur, la Société Générale vient, par exemple, d'inaugurer une nouvelle migration de ses employés vers des bureaux modulaires, propices au développement de modes de travail innovants.

"L'adaptation au digital constitue le grand chantier de transformation pour les banques, notamment sur le plan des ressources humaines", estime Bruno de Saint-Florent, chargé des services financiers du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman. Face à l'essor des Fintech, la fermeture en masse des réseaux d'agences ne sera-t-elle bientôt plus un bon angle d'attaque ?

>> A lire également : Pour sa transformation digitale, ING Direct supprime 7.000 emplois

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