Placements défense nationale : un nouvel engouement des épargnants français
Face à la montée des tensions internationales et à la hausse des budgets militaires européens, l'investissement dans la défense attire de plus en plus les épargnants. De nouveaux produits financiers voient le jour, offrant aux particuliers la possibilité de soutenir l'industrie française tout en diversifiant leur épargne.
Les Français séduits par l'idée d'investir dans la défense nationale
La défense nationale devient peu à peu un nouveau thème d'investissement pour les particuliers. Selon le baromètre 2025 de l'épargne en France et en régions réalisé par l'Ifop, près de 29 % des Français se déclarent favorables à l'idée de placer une partie de leurs économies dans des fonds dédiés au secteur de la défense. Un signal fort, révélateur d'un changement de mentalité dans un contexte géopolitique tendu.
Les événements récents - guerre en Ukraine, tensions au Moyen-Orient ou encore renforcement des capacités de l'OTAN - ont poussé les États européens à revoir à la hausse leurs dépenses militaires. D'après la Commission européenne, ce sont près de 800 milliards d'euros qui devraient être mobilisés d'ici 2030 pour moderniser les armées du continent. Cette dynamique profite déjà aux grands groupes de l'industrie comme Dassault Aviation, Thales ou Nexter, dont les cours de Bourse se sont envolés ces deux dernières années.
Des produits d'investissement tournés vers la souveraineté industrielle
Cette tendance se traduit par l'émergence de fonds d'investissement dédiés à la défense et à la sécurité, accessibles aux particuliers. Certaines sociétés de gestion, comme Candriam ou Oddo BHF, ont déjà lancé des fonds thématiques centrés sur la souveraineté industrielle, l'aéronautique, ou la cybersécurité, considérés comme des piliers stratégiques pour l'Europe. Ces produits visent à concilier rentabilité financière et soutien à des entreprises participant directement à la protection nationale.
Les experts soulignent que cette classe d'actifs s'inscrit dans une logique de long terme. En effet, les besoins en équipements, en technologies et en innovation dans le domaine militaire devraient continuer à croître, favorisant un flux régulier de contrats publics et privés. Pour les investisseurs, il s'agit d'un secteur jugé résilient, moins exposé aux cycles économiques traditionnels.
Un placement porteur mais encadré éthiquement
Si ces placements liés à la défense séduisent par leur potentiel de rendement, ils soulèvent néanmoins des questions éthiques. Certains fonds choisissent d'exclure les entreprises directement impliquées dans la fabrication d'armes offensives, privilégiant celles qui développent des technologies de sécurité, de communication ou de défense cybernétique. Une approche plus « responsable », en phase avec les attentes des investisseurs soucieux d'allier performance et engagement.
Pour les autorités européennes, la mise en place de ces fonds participe également à un objectif de réindustrialisation et de renforcement de la souveraineté économique. Soutenir la filière défense par le biais de l'épargne privée pourrait ainsi contribuer à réduire la dépendance de l'Europe face aux puissances étrangères, tout en canalisant une partie des 6 000 milliards d'euros d'épargne des ménages français vers l'économie productive.
Dans un contexte où la géopolitique influence désormais les stratégies financières, le secteur de la défense s'impose comme un nouveau levier d'investissement. Entre recherche de rendement et patriotisme économique, les épargnants français semblent prêts à participer à cet effort collectif.
Source : Ifop, Commission européenne, Ministère des Armées.
